« Il existe des outils pour diminuer les produits phytosanitaires", souligne Franck Dufour, responsable technique chez Vaesken

LA VOIX DU NORD / Morgane CARLIER / 01/12/2019

Flandre: une station de traitement de l’eau pour utiliser moins de produits phytosanitaires

Améliorer la qualité de l’eau de pulvérisation pour optimiser l’efficacité des produits phytosanitaires et les réduire, c’est une solution vers laquelle se tournent certains agriculteurs, comme Jean-Guy Dequidt, à Wormhout. Il s’est récemment équipé d’une station de traitement de l’eau.

La station se compose d’une cabine grise et de deux cuves de 5 000 litres.

« Il existe des outils pour diminuer les produits phytosanitaires, souligne Franck Dufour, responsable technique chez Vaesken, entreprise de négoce agricole basée à Arnèke. Une des options est d’améliorer la qualité de l’eau de pulvérisation afin d’optimiser l’efficacité de ces produits et d’en utiliser le moins possible. » Les produits phytosanitaires sont dilués dans de l’eau avant d’être pulvérisés sur les cultures (le mélange se compose en moyenne de 99% d’eau, soit un ratio d’un litre de produit pour 100 litres d’eau). L’eau étant la composante majeure du mélange, la question de sa qualité n’est pas si anecdotique. Une eau non adaptée peut limiter l’efficacité des produits phytosanitaires (ou intrants). Une des méthodes pour optimiser leur effet est alors d’adapter l’eau au produit en la conditionnant selon certains critères (la température, l’acidité avec le PH…), à l’aide d’une station de traitement de l’eau.

Une cabine grise surmontée de deux cuves

Jean-Guy Dequidt fait partie des agriculteurs flamands qui ont tenté l’expérience. C’est par le biais de sa coopérative qu’il a entendu parler de la machine. Cet éleveur et polyculteur a installé la station sur son exploitation à Wormhout en avril dernier. D’apparence sobre, elle se compose d’une cabine grise surmontée de deux énormes cuves de 5 000 litres chacune. À l’intérieur de la cabine, des tuyaux s’enchevêtrent au fil du parcours de traitement de l’eau. Celle-ci est pompée depuis une cuve souterraine, avant d’être filtrée, déminéralisée et modifiée selon l’intrant auquel elle sera ensuite associée. Une résistance permet également de la réchauffer si besoin. « Il faut compter environ une heure pour traiter 4 000 litres d’eau », précise Jean-Guy Dequidt. Grâce au programmateur, il peut choisir pour quel type de produit l’eau doit être préparée, régler l’heure à laquelle il veut qu’elle soit prête, le tout depuis son téléphone portable, ou directement sur la machine. L’eau est ensuite stockée dans les cuves et il n’a plus qu’à la déverser dans son pulvérisateur avant d’y ajouter le produit phytosanitaire correspondant.

La station de traitement, selon le programme défini, modifiera les caractéristiques de l’eau, notamment sa température et son acidité.

L’acquisition de cet outil a représenté un investissement de 40 000 euros pour l’agriculteur. Matériel haut de gamme, ce type de station de traitement de l’eau n’est pas encore très répandu chez les agriculteurs du secteur. Parmi les clients de Vaesken, « ils sont entre 10 et 15 », estime Franck Dufour. Depuis qu’il l’a installée au printemps dernier, Jean-Guy Dequidt a constaté une baisse de 25 % de l’utilisation de certains intrants, comme les insecticides pour les poireaux. Il espère obtenir la certification HVE (voir ci-dessous) grâce à cette amélioration. Il est toutefois encore trop tôt pour pouvoir estimer des résultats définitifs, d’autant plus que ceux-ci seront amenés à évoluer au fil des ans et, notamment, des conditions météorologiques.

 

Un mouvement global de réduction des intrants

L’entreprise Vaesken, qui conseille de nombreux agriculteurs en Flandre, rassemble plusieurs d’entre eux au sein du GIEE Eco’Phyt Flandre intérieure, un groupement d’intérêt économique et écologique. Il vise à accompagner ces agriculteurs pour diminuer leur utilisation de produits phytosanitaires. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du plan Ecophyto II+, mis en place par le gouvernement, qui préconise notamment d’inciter « plus largement des groupes d’agriculteurs à s’engager dans la réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en les accompagnant techniquement et financièrement ». La certification HVE (pour Haute valeur environnementale), qui labellise les exploitations avec un haut niveau de biodiversité et un faible recours aux intrants, rejoint ce mouvement.