Depuis 2008, on compte 45 000 emplois en moins dans l’agriculture, et la tendance va se poursuivre à horizon 2030 : le secteur devrait perdre de nouveau 40 000 emplois, sans que cela ne réduise pour autant la valeur de la production agricole, indique une étude commune de Dares et France Stratégie. Cette dynamique à la baisse s’observerait dans la plupart des régions agricoles, à l’exception de l’Auvergne-Rhône-Alpes, de la Bourgogne-Franche-Comté et de la Corse.
Le nombre d'emploi en agriculture va continuer à se réduire dans la prochaine décennie, mais certaines régions agricoles maintiendront une forte dynamique. (©Pixabay)
Déjà passée de 4 % en 2000 à 3 % en 2019, la part de l’agriculture dans le secteur de l’emploi en France devrait encore se réduire d’ici 2030 pour atteindre 2 % de l’emploi national, indique une étude de Dares et de France Stratégie. Paru en mars 2022, ce travail a été complété par la publication, le 24 janvier, d’une étude sur les perspectives de recrutement en région.
Dans un contexte de croissance de la demande alimentaire, les gains de productivité se poursuivraient, poussés par l’innovation et la pression concurrentielle, la robotique, soutenue par les aides aux investissements, continuerait sa progression, « améliorant la performance et limitant les pénuries de main d’œuvre », indique le rapport. Enfin, la valeur ajoutée se maintiendrait grâce à « des produits plus chers, de meilleure qualité et plus individualisés ». Néanmoins, la transition bas-carbone pourrait limiter la baisse des emplois agricoles, estime l’étude.
La disparition de 45 000 emplois dans l’agriculture ne sera pas homogène sur le territoire. Si cette diminution s’explique par la tendance à la concentration des exploitations et à la diminution de l’élevage (plus intensif en main d’œuvre), au profit des grandes cultures mécanisées, les grandes régions agricoles demeurent le Centre-Est, la vallée de la Loire, la façade Manche et atlantique, l’Occitanie et la Corse, avec deux régions en tête : la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne, où les métiers d’agriculteurs, maraîchers, viticulteurs, de marins pêcheurs et de techniciens et cadres de l’agriculture y comptent pour plus de 5 % de l’emploi de 2019, contre 3 % sur l’ensemble du territoire métropolitain.
Part et évolution de l'emploi régional des métiers agricoles, en pourcentage (©Dares/France Stratégie). Lecture : en 2019, les métiers agricoles représentent 4,9 % de l’emploi de Bourgogne-Franche-Comté, soit une proportion plus élevée que la moyenne métropolitaine (3,2 %). D’ici 2030, l’emploi des métiers agricoles devrait s’y accroître de 1,3 % au total. (©Dares/France Stratégie)
En revanche, dans les 10 ans à venir, la tendance sera à la baisse en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Centre-Val de Loire, et seules l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et la Corse créeront encore de l’emploi agricole en 2030.
Les différentes familles professionnelles de l’agriculture n’évolueront pas de la même façon dans la prochaine décennie. Ainsi, la baisse du nombre d’agriculteurs exploitants dans les régions où ils sont particulièrement représentés (Normandie et Auvergne Rhône-Alpes) se poursuit, tandis que dans les régions viticoles (Grand-Est, Bourgogne-France Comté, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), le nombre de viticulteurs, mais aussi de maraichers, serait orienté à la hausse.
Par ailleurs, « les cadres et techniciens de l’agriculture sont surreprésentés en Bretagne et en Normandie. Ce sont les métiers agricoles les plus en croissance en projection, marquant l’élévation du niveau de la qualification, y compris dans des activités qui nécessitent une importante main-d’œuvre peu qualifiée », souligne le rapport sur les perspectives de recrutement en région.
Enfin, le poids de la filière agroalimentaire, important en Bretagne et en Pays de la Loire, « devrait s’accentuer à l’avenir dans ces régions d’élevage et d’industries agroalimentaires, intensives en main-d’œuvre », précise également le rapport.