Nathan, Lise, Arthur et Martin n'ont que 16 à 21 ans mais, passionnés par l'élevage de montagne et le fromage Beaufort, ils savent déjà que c'est dans cette production qu'ils s'installeront plus tard. Alors la filière a décidé d'en faire les porte-paroles de sa campagne de communication 2023. La profession du Saint-Nectaire communique, elle aussi, sur les atouts des productions laitières AOP pour l'installation. « La transfo, c'est du boulot mais ça rémunère bien ! », témoignent Émily et Quentin en vidéo.
Pour ces jeunes, les paysages et la sensation de liberté qu'offre l'élevage en montagne compensent les contraintes. (©Pixabay)
« J'ai hâte de finir mes études pour reprendre l’exploitation familiale. J’aimerais accroître le cheptel et augmenter la production laitière », précise Nathan Favre, 16 ans, « né dans une famille d'éleveurs », producteurs de Beaufort. Depuis « tout petit », il « aide ses parents et grands-parents à la ferme ». Il s'est donc orienté vers une formation agricole et est actuellement en 1ère Bac pro CGEA au lycée Reinach à La Motte-Servolex en Savoie.
En parallèle, il est déjà impliqué professionnellement, dans le groupe jeune de la coopérative laitière de Haute-Maurienne Vanoise et de la CAP Tarentaise, l'organisme de sélection de l'une des deux seules races produisant du lait AOP Beaufort (la deuxième est l'Abondance).
De même que Nathan, Lise Marin-Lamellet a 16 ans et s'intéresse à la filière Beaufort « depuis son plus jeune âge », alors que ses parents ne sont pas agriculteurs. « J'aime aller à la ferme et prendre soin des animaux », indique la jeune fille également en 1ère Bac pro CGEA, en alternance toutefois et à la MFR Les Dronières à Cruseilles en Haute-Savoie, où elle découvre différentes races, productions et zones d'élevage (montagne et plaine par exemple). Elle travaille même parfois à la Coopérative du Beaufortain et auprès d'un vétérinaire.
Qu'ils viennent du milieu du Beaufort ou non.
Devenir éleveur a toujours été aussi « une évidence » pour Arthur Bochet, 21 ans. D'abord attiré par les machines agricoles, puis par les vaches depuis ses études en apprentissage (Bac pro agroéquipement au lycée Reinach à la Motte-Servolex et BTS Acse au lycée de Cibeins à Misérieux dans l'Ain) et ses stages qu'il a choisi d'effectuer dans divers systèmes (laitier AOP, IGP et conventionnel, transformation et vente à la ferme, grandes cultures, ETA, etc.) et départements pour « élargir ses connaissance et sa vision du métier d'agriculteur ».
La campagne de communication 2023 de la filière Beaufort met en avant Nathan, Lise, Arthur et Martin, quatre jeunes de 16 à 21 ans qui projettent de s'installer en tant qu'éleveur ou fromager. (©Filière Beaufort)
Alors il est impatient de s'installer sur l'élevage familial : « Ce sera une fierté de reprendre la ferme qui m’a vu grandir et de faire perdurer l’outil de travail pour lequel mon père et mon oncle se sont levés chaque jour de leur vie, ainsi que la génération précédente. J’ai à cœur de maintenir l’image de qualité qu'ont les exploitations de la zone AOP Beaufort, ainsi que le système d'alpage de la vallée de Roselend. » Arthur en a conscience néanmoins : il devra « d'adapter à l'évolution et aux difficultés de l'agriculture ».
Et ses produits et traditions.
Martin Laurent, quant à lui, envisage d'être fromager. Lorsqu'il était enfant, le jeune homme de 20 ans observait, depuis le circuit de visite, la fabrication des fromages à la coopérative laitière du Beaufortain dirigée par son père. Comme celle effectuée, à l'ancienne, en estives où il accompagnait sa sœur. Une tradition qu'il souhaiterait « préserver ». Dans cet objectif, après son Bac S, il a obtenu un BTS STA (sciences et technologies des aliments) et a poursuivi avec une licence professionnelle en alternance à la coopérative de Saint-Sorlin-d'Arves, qui fabrique du Beaufort.
« Par la suite, avant de retourner en coop, j’aimerais travailler en alpage, au plus près des animaux, dans cette nature grandiose qui nous entoure. Une expérience magique offrant une grande sensation de liberté », conclut-il. Des jeunes qui sont prêts à prendre la relève en élevage de montagne et production de Beaufort, il y en a, c'est ce que veut montrer la campagne de communication 2023 de la profession, après avoir donné la parole en 2021 et 2022 à des producteurs et productrices récemment installés. Ceci pour promouvoir cette filière, renforcer son attractivité et assurer son renouvellement.
Autre fromage, autre région mais des objectifs similaires pour le Saint-Nectaire. Dans le Puy-de-Dôme, entre autres, 58 % des producteurs seront à la retraite d'ici 10-15 ans et 32 % sont âgés de plus de 57 ans, dont 50 % sont sans successeur. Or, la bonne valorisation du produit est un atout pour installer des jeunes. D'ailleurs, en 2020, 14 des 18 installations aidées ont été réalisées dans cette production.
Pour donner quelques chiffres : le Saint-Nectaire fait vivre 800 éleveurs sur 430 exploitations (200 en transformation) et 200-300 salariés, pour 14 500 t produites par an, dont 8 000 t de fermier. Le Beaufort, lui, regroupe 354 exploitations et 750 emplois en ferme et 250 en dehors (fromagers, affineurs, vendeurs). 5 340 t ont été fabriquées en 2021. Alors le Saint-Nectaire cherche également à faire sa promotion, afin de susciter des vocations et renouveler les producteurs.
Dans cette vidéo par exemple, issue de la web-série "Saint-Nec Trip" sur la chaîne Youtube de l'AOP Saint-Nectaire, la jeune génération parle des avantages de cette production pour l'installation :
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo.Le Gaec de Natzy à La Tour d'Auvergne (Puy-de-Dôme) élève une soixantaine de vaches laitières pour la production de Saint-Nectaire. Depuis quatre ans, les trois associés (Émily, installée en 2012, son frère Quentin en 2018, et leur père) font de la transformation fromagère et « ne le regrettent pas ». « À mon installation, il y a eu une opportunité d'agrandissement », raconte le jeune éleveur, ayant été vendeur de matériel agricole pendant quatre ans. Ainsi, ils ont pu construire un bâtiment et un laboratoire, ainsi qu'une nouvelle salle de traite.
La transfo, c'est du boulot mais ça rémunère bien !
« La transfo, c'est du boulot mais cela nous plaît et rémunère bien », soulignent Émily et Quentin, qui vendent les fromages à un affineur. Ces derniers conseillent aux jeunes de se lancer : « Si on est passionné, faut pas avoir peur, insistent-ils. Le secteur est porteur et a permis plusieurs installations dans la zone AOP Saint-Nectaire ces 3-4 dernières années. » Leur principale motivation « pour se lever tous les matins » : « Faire le métier qu'on aime tout simplement ! »