Ver de Terre production a organisé 2 jours de webinaire les 23 et 24 janvier 2023, en hommage à Lucien Seguy (1944-2020) et Hubert Charpentier (1952-2022), pionniers du semis direct sous couverture végétale.
Deux journées de webinaire ont été organisées par Ver de Terre production en hommage à Lucien Seguy et Hubert Charpentier. (©Alain Van de Kerckhove)
Parmi les nombreuses interventions de ces deux journées consacrées au semis direct sous couvert, Jean-Claude Quillet, agriculteur en Indre-et-Loire, qui a notamment travaillé avec Lucien Seguy, « pionnier du semis direct et père de l'agriculture de conservation au Brésil ». Il est venu expliquer son parcours : déjà engagé dans une réduction du recours aux intrants, il a démarré le semis direct et la mise en place des couverts végétaux sur son exploitation en 1995.
« Le but était avant tout de réduire les charges de mécanisation. Les atouts agro-écologiques de cette technique, on les a découverts au fil du temps, précise l'agriculteur. À ce moment-là, il y avait peu d'exemples en France, surtout aux États-Unis, mais ils n'avaient pas de souci de limaces comme chez nous. »
« L'exploitation comprend différents types de sols : argilo-calcaires, sables de plateaux, limoneux à drainer... Certaines vallées inondables ont pu être mises en cultures grâce au semis direct », souligne Jean-Claude Quillet. Dans sa présentation, il cite Lucien Seguy : « Le sol est l'élément-clé des écosystèmes terrestres et en particulier des agrosystèmes. Ce n'est pas une ressource renouvelable, mais un milieu vivant qui peut être altéré de manière irréversible par les interventions humaines inadaptées. Les systèmes de production durables dont nous avons besoin pour le futur, ne peuvent se concevoir sans gestion conservatoire du sol. [...] Travailler les sols, c'est perdre la matière organique et c'est aussi un risque énorme de perdre le capital sol dans un changement climatique toujours plus imprévisible et agressif ». Jean-Claude Quillet se souvient, par exemple, avoir retourné des prairies naturelles quand il avait 15 ans, avec un taux de MO de 6 %. « 30 ans après, quand j'ai démarré le semis direct, j'ai réalisé des analyses de sol : le taux de MO était descendu à 2 %. Pour que ce taux remonte de 2 %, il a fallu 20 ans ».
Il rappelle alors le rôle fondamental des couverts végétaux dès la mise en place du système et a été accompagné par Lucien Seguy pour améliorer le choix des espèces. « L'allongement des rotations est aussi très important, notamment dans la gestion des adventices. » Voici des exemples de rotations pratiquées en fonction des conditions :
- Avec irrigation : blé/couverts/maïs/blé/couverts/soja
- En plateau : colza/couverts/blé/couverts/sorgho ou millet ou tournesol/blé
Autre exploitation présentée : celle d'Hubert Charpentier, aujourd'hui gérée par son fils Hervé. Ancien chercheur au Cirad, Hubert Charpentier a repris l'exploitation familiale en 2000 et s'est attaché à y développer le principe de l'agriculture de conservation des sols adapté au contexte de sa ferme, située dans l'Indre. Au départ, avec des couverts annuels, il a fait évoluer son système et est l'un des précurseurs de la couverture permanente des sols avec la luzerne, dans laquelle il a cultivé colza, blé dur, blé tendre, pois d'hiver et sorgho.
À partir de 2018, l'agriculteur a aussi allongé sa rotation pour réduire les problèmes de gestion des adventices. Pour plus d'infos :
« Dans tous ses parcelles, Hubert Charpentier a conservé une bande conduite selon les critères de l’agriculture conventionnelle où le sol est travaillé. À la fin de chaque campagne, les résultats technico-économiques l'ont conforté dans son choix : des rendements en semis direct sont supérieurs au conventionnel, avec un niveau de charges très fortement diminué, notamment concernant l’azote et les herbicides. »