Ce mercredi 25 janvier se réunissaient les membres de la FNB pour faire le point sur la situation très préoccupante de l'élevage bovin. Son président alerte notamment le ministre de l'agriculture sur des sujets qui mettent en cause l'avenir de la filière et les perspectives pour les éleveurs.
Pas suffisamment entendue dans les décisions, la FNB en appelle au Ministre quant à l'avenir de l'élevage français. « De quel élevage veut-on demain ? » (©Terre-net Média)
« 2022 a été une année de rupture pour l'élevage. » C'est avec une telle phrase que Bruno Dufayet a démarré ce jour la conférence de presse de la FNB. « Voilà des années qu'on alerte sur la décapitalisation, mais les signaux lancés il y a bien longtemps n'ont jamais été pris en considération. C'est seulement maintenant qu'il y a une réelle prise de conscience... »
En effet, la baisse du cheptel allaitant est plus importante que prévu, les abattages sont en berne, et même chez les actifs on constate une baisse du cheptel. « Les imports de viande bovine ont fortement augmenté (+ 7 % en 2 ans). Aujourd'hui, 29 % de la viande consommée en France serait importée, selon les derniers chiffres. » Quant aux exports, ils sont à la baisse. « Certes dans ce contexte, les prix augmentent (bien qu'il y ait encore de gros écarts avec les charges), mais il faut un vrai projet de filière », insiste le président de la Fédération nationale bovine.
Quel élevage allaitant d'ici 2050 ? Les membres de la FNB en appellent aux pouvoirs publics : « Quel cap voulez-vous donner à l'élevage français ? Il faut que notre ministre se positionne sur la question ». L'objectif des représentants de la filière est pourtant clair : garder les modèles à taille humaine avec un point d'équilibre à 70 vaches allaitantes par actif et une surface équivalente. « En France, on est principalement sur des modèles herbagers, c'est ce type d'élevage qu'on défend, pas l'intensification. »
Ça ne nous fait pas peur de réadapter la production à la consommation, mais il nous faut un cap !La FNB pousse à la contractualisation, « c'est l'avenir ! L'objectif étant de sécuriser l'éleveur et son revenu dans la logique du coût de production. Aujourd'hui, ce n'est plus possible de s'engager sans visibilité, surtout pour les jeunes qui s'installeront et dont on a besoin. » Bruno Dufayet insiste : « C'est à l'éleveur de proposer ses conditions, pas l'inverse », avant de poursuivre : « Je rappelle que la loi rend la contractualisation obligatoire. Tout animal qui entre en abattoir doit être sous contrat. »
Le contexte ne rassure pas la FNB, avec en 2023 la mise en place de la nouvelle Pac qui défavorise l'élevage allaitant en instaurant le passage à l'UGB. « Le seul point positif concerne l'écorégime avec une bonne reconnaissance des pratiques vertueuses. »
La FNB s'inquiète aussi de la généralisation de l'assurance indicielle. « On n'a toujours pas de réponse de la part du ministère alors que les agriculteurs sont en cours de signatures de leurs contrats avec les assureurs. »
Le Ministre ne se mouille pas !Une toute autre préoccupation : les accords commerciaux, avec le retour du Mercosur sur le devant de la scène notamment. La FNB a une position claire aussi sur le sujet : « Ce qui pose problème, c'est la différence de réglementation entre les pays qui est déloyale. Il faut des clauses miroirs. » Et là-dessus, même chose : « ça patine. On attend une prise de position claire de la part des politiques ».
Dernière massue sur la tête en date pour les éleveurs : les directives sur les émissions industrielles. Bruxelles voudrait y inclure l'élevage, comme les porcs et les volailles. Avec 150 UGB, un élevage serait considéré comme structure industrielle. « 150 UGB c'est un élevage de 80 mères allaitantes et la suite. Avec cette directive, on classerait cet élevage au même rang qu'un feedlot de milliers de bovins, c'est impossible ! », déplore Bruno Dufayet qui espère une nouvelle fois que les ministères de l'agriculture et de l'environnement ramèneront un peu de cohérence sur ces sujets.