La tendance est à la baisse sur le marché des céréales utilisées en alimentation animale, indiquent les Tendances de l’Idele. En blé notamment, la production mondiale s’affiche soutenue face à une demande tout juste en train de reprendre. Côté tourteaux, la baisse de la demande en huile de soja aux USA et des récoltes oléagineuses importantes au Brésil et en Europe pèsent aussi sur les cours.
Pour les prix des tourteaux, l'heure est à la stabilisation voire à la baisse (©AdobeStock)
Après une année 2022 marquée par des « changements brutaux sur le marché des matières premières » - sécheresse en Europe, guerre en Ukraine, nouveau partenariat commercial entre la Chine et le Brésil -, les dernières Tendances de l’Idele soulignent sur décembre et janvier un retour au calme sur les marchés des céréales et oléagineux utilisés en alimentation animale, et une conjoncture plutôt baissière.
Elles évoquent notamment une stabilisation des cours des tourteaux. Mathilde Le Boulch, spécialiste des marchés des matières premières de l’alimentation animale pour l’Idele, l’Ifip et l’Itavi, revient sur la décision de l’Agence US de protection de l’environnement (EPA) : « on peut maintenant utiliser de l’huile de canola comme matière première » dans les biocarburants. Voilà qui fait baisser la demande en huile de soja, conduisant à une baisse des prix du tourteau de soja.
Evolution des cours des tourteaux de soja et de colza (©Idele)
« L’assouplissement des contraintes zéro-covid en Chine pourrait rehausser la demande d’importation et soutenir les prix du tourteau de soja en ce début d’année », notent toutefois les Tendances. « La montée du soja face aux risques de production argentins a provoqué un sursaut des prix » du tourteau, ajoutait notre expert Marius Garrigue sur Web-agri, le 18 janvier.
Mais la bonne récolte de canola canadien et de soja brésilien favorise le retour à des niveaux plus abordables, tempèrent les Tendances. Autres facteurs de détente, relevés par Marius Garrigue : l’arrivée de pluies en Argentine, une récolte brésilienne annoncée record, et des marges de trituration très élevées des deux côtés de l’Atlantique, qui « motivent une production accrue face à une demande qui ressort de son côté toujours aussi timide ».
Pour les autres tourteaux, la demande s’est tassée fin 2022, en lien avec « le prix de l’énergie toujours élevé » et « le ralentissement de production au vu des fêtes ».
En colza, la bonne rémunération de la graine devrait encourager à la hausse la production européenne sur 2022/23 ; en tournesol la demande des producteurs français en semences présage là aussi une augmentation de production. Les Tendances évoquent aussi la nouvelle loi européenne sur l’arrêt de l’importation de produits issus de la déforestation, possible « stimulant à la production européenne d’oléoprotéagineux ».
La tendance est aussi à la baisse côté céréales, pour plusieurs raisons. Ainsi, « Le renforcement de l’euro face au dollar pénalise l’attractivité des origines européennes et amorce une conjoncture plutôt baissière ».
En blé, la production de l’hémisphère sud va arriver sur les marchés, avec une « présence moindre des grains argentins » (-10 Mt par rapport à 2021/22 et « les pires rendements depuis une dizaine d’années ») mais de très bonnes récoltes en Australie et en Inde, qui orientent les cours vers le bas.
Evolution des cours du blé et du maïs (©Idele)
Quant au maïs, Mathilde Le Boulch rappelle la levée des restrictions liées au covid en Chine, qui pourrait « permettre une reprise économique plus franche dans le pays et une hausse significative des importations ». D’ailleurs, « les premiers bateaux sont partis du Brésil », qui enregistre des exportations record au détriment des exports US.
« En France, le maïs a regagné en compétitivité par rapport au blé et son incorporation chez les fabricants d’aliments du bétail est en hausse, ajoutent les Tendances, et les prix en baisse ».
Pour voir l’analyse de Mathilde Le Boulch, cliquez sur le lecteur :