Dans un projet de décret faisant suite à la loi sur la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires, le terme « fromage fermier » pourrait être étiqueté sur les produits non affinés à la ferme. Pour les producteurs laitiers fermiers, ce texte présente un risque fort de dévalorisation des fromages fermiers et donc de la rémunération des 7 000 éleveurs qui en produisent sur leur exploitation.
Les producteurs laitiers fermiers s'inquiètent de l'utilisation du terme "fromage fermier" sur des produits affinés ailleurs qu'à la ferme, notamment par des industriels. (©Pixabay)
Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, le 17 janvier, l’association nationale des producteurs laitiers fermiers (ANPLF) s’émeut d’un projet de décret qui permettrait à « de très gros opérateurs » d’utiliser la mention d’étiquetage « fromage fermier » sur des fromages « achetés au stade non affiné dans des fermes puis affinés dans leurs locaux et vendus sous leur marque ou sous marque distributeur ».
Le terme « fermier » est aujourd’hui un gage de qualité pour les consommateurs, et l’arrivée de gros volumes étiquetés « fromage fermier » dans la grande distribution « entraînera une pression sur les prix inévitable au détriment des producteurs de fromages en blanc et aussi des producteurs fermiers restés indépendants », s’inquiète l’ANPLF.
L’association propose donc d’ajouter plusieurs conditions à l’utilisation de l’étiquetage « fermier » : mention du nom et de l’adresse du producteur sur l’étiquette, l’élaboration de contrats écrits entre producteurs en blanc et affineurs, et éventuellement d’autres critères comme la fixation de limites de volumes échangés, de durée minimum d’affinage et aussi de distances entre producteurs et affineurs, avec des exceptions possibles pour les AOP et IGP.
Enfin, les producteurs laitiers fermiers demandent par ailleurs une dérogation à l’obligation de contractualiser entre transformateurs et distributeurs : « en tant que producteurs transformateurs, nous sommes concernés par cette loi alors que nous garantissons nous-mêmes notre prix du lait. La loi nous conduit à un formalisme très important qui alourdit la charge administrative des producteurs fermiers vendant en circuits courts, sans bénéfice particulier », rappelle ainsi l’ANPLF.