Malgré tous ses atouts, la culture du pois de printemps ne fait pas l'unanimité auprès des producteurs. Pourquoi ? Quels sont les pré-requis pour limiter les risques ? Retrouvez des retours d'agriculteurs et d'experts techniques sur le sujet.

ChampVous cultivez ou avez cultivé du pois de printemps sur votre exploitation ? N'hésitez pas à laisser votre avis sur la culture dans les commentaires de l'article. (©Pixabay)

Agriculteur dans le nord de la Charente, Guillaume Delusset a introduit le pois de printemps il y a 6 ans sur son exploitation. Il cherchait à «  allonger sa rotation suite à des soucis de résistance de ray-grass ». « C'est aujourd'hui un bon précédent du colza sur mon exploitation », témoigne-il. 

Les pois de printemps ont été semés 3 mois après la récolte du millet. Mais entre-temps, le couvert d'avoine a occupé le terrain ! #ACS pic.twitter.com/IOofakxQZl

— Guillaume Delusset (@G_Delusset) January 13, 2023Atouts et contraintes du pois de printemps selon les agriculteurs

Outre être un allié dans la gestion des adventices, le pois de printemps a aussi la capacité, comme les autres légumineuses, de capter l'azote de l'air et permet de limiter le recours aux engrais azotés. D'après Terres Inovia, « un colza après un pois produit entre 0,5 et 3 q/ha de plus qu'un colza après une paille et un blé après pois produit 6 à 12 q/ha de plus qu'un blé de céréale (7,4 q/ha en moyenne) (données d'essais sur 3 campagnes). Installé dans le Pas-de-Calais, Nicolas Mangniers et plusieurs de ses collègues agriculteurs soulignent le fait que le pois de printemps soit  peu gourmand en intrants, en général.

Malgré ces atouts, la culture ne fait pourtant pas l'unanimité auprès des producteurs... En cause : sa rentabilité économique notamment. En 2022, la France comptait 134 000 ha de pois protéagineux purs sur son territoire, contre 191 000 ha sur la moyenne 2017-2021. Le rendement moyen était, lui, évalué à 29,4 q/ha : + 3,4 % sur un an et + 3,7 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Pour Guillaume Delusset, il faut surtout voir l'intérêt de la culture à l'échelle de la rotation. « Économie d'apport d'azote sur la culture suivante (20 à 60 kg d'azote selon les situations), gain de rendement, voire de qualité (teneur en protéines) du blé suivant, possible réduction des produits phytosanitaires et à terme, meilleure robustesse et productivité des cultures (efficience azotée voire activité biologique des sols », précisent les experts Terres Inovia. En tant que protéagineux, le pois bénéficie d'une aide couplée de 104 €/ha selon la Pac 2023-2027.

Retrouvez les principaux atouts et contraintes du pois de printemps signalés par les lecteurs de Terre-net :

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Pour mettre toutes les chances de son côté avec le pois de printemps,  Terres Inovia rappelle l'importance de choisir une parcelle exempte d'aphanomyces. « Le cycle de ce champignon coïncide parfaitement avec celui de la culture. En cas de printemps doux et humide, les pertes de rendement peuvent être importantes. » Pour accompagner les agriculteurs dans ce choix, l'institut technique a d'ailleurs développé l' outil Eva (évaluation du risque aphanomyces). Aussi pour limiter le risque maladies, Guillaume Delusset précise ne revenir que tous les 7 ans en pois de printemps sur une même parcelle. L'agriculteur charentais fait également attention au choix des couverts précédant la culture (plutôt des graminées, comme l'avoine par exemple). 

Semer tôt pour limiter les stress de fin de cycle

Les phénomènes de stress hydrique récurrents, notamment dans les zones intermédiaires, peuvent être très pénalisants pour la croissance des plantes. Certaines années, ils limitent l'installation des nodosités pendant la phase végétative. Or « c'est justement le nombre de nodosités mises en place avant le début de la floraison qui va conditionner la nutrition azotée et donc pour partie le rendement. Un stress hydrique au cours de la floraison et de la phase de remplissage aura, lui, une incidence sur le nombre de grains par plante et le poids de mille grains », rappellent les experts de Terres Inovia. Pour contrer ce risque, ils préconisent alors, dans la mesure du possible, de «  choisir une parcelle avec une réserve hydrique suffisante. Eviter les sols séchants, les argiles lourdes et les limons battants hydromorphes ».

«  Semer son pois de printemps précocement est également un des principaux leviers pour limiter les risques climatiques. » Retrouvez les résultats d'un essai réalisé en Moselle sur le sujet :

« Attention toutefois à semer dans des conditions ressuyées et à bien préparer le lit de semences afin d'assurer un développement optimal du système racinaire et des nodosités. Le pois doit bénéficier d’un sol aéré sur 15-20 cm. Si le sol est mal nivelé ou refermé après un hiver pluvieux, une reprise sur 5-10 cm est conseillée avant toute implantation. Le pois de printemps se sème à 3-4 cm de profondeur. »

Autre point d'attention cité par les experts Terres Inovia : respecter les densités de semis selon les types de sols. « Une surdensité accroît les risques de maladies à la floraison et augmente la compétition hydrique. Dans le cas d'utilisation de semences de ferme, un test du taux de germination est fortement recommandé et la densité doit être ajustée en conséquence ».

Retrouvez les recommandations de densité de semis de l'institut technique : 

Sol limoneuxSol argileux ou caillouteux70 à 80 graines/m²90 graines/m²PMG 230 g160 à 180 kg/ha205 kg/haPMG 260 g180 à 210 kg/ha235 kg/ha

Un roulage peut aussi être recommandé : « il permet de niveler le sol, facilitant la récolte, notamment dans les sols caillouteux. Cette pratique limite également le risque de phytotoxicité des herbicides de prélevée ».