Qu'est ce que l'albédo des prairies ? À quoi peut-il servir pour atténuer le changement climatique ? Le projet Albédo prairies cherche des réponses à ces questions.
L'albédo d'une prairie est situé entre 0,17 et 0,28. (©Pixabay)
Baisse des émissions de gaz à effet de serre, stockage du carbone dans les prairies... sont des leviers pour faire face au changement climatique connus désormais de tous. Mais savez-vous ce qu’est l’albédo ?
« C’est la fraction de l'énergie solaire qui est réfléchie par une surface (une prairie, par exemple), vers l'espace. Plus il est élevé, plus la surface considérée a un effet "refroidissant" », explique l’Idele. La valeur de l’albédo est comprise entre 0 et 1, et plus elle est proche de 1, plus la surface est réfléchissante. Ainsi, un albédo de 0,25 correspond à 25 % de rayonnement réfléchi. Une surface « claire », avec de la neige par exemple, va renvoyer plus d’énergie dans l’espace. Le sol se réchauffe donc moins et il y a moins de rayonnement infra-rouge dans l’atmosphère.
Quelques exemples d’albédo :
Valeurs d'albédo de différentes surfaces. (©Idele)
L’albédo est mesuré grâce à un albédomètre qui, grâce à des capteurs orientés vers le ciel et vers le sol, va calculer la différence entre le rayonnement qui descend du ciel et celui qui est réfléchi par la surface (sol, prairie, culture…).
Ce pouvoir réfléchissant du rayonnement solaire par les prairies est peut-être le 3e levier qui va permettre d’atténuer le changement climatique. C’est pourquoi un projet de recherche Alpédo prairies est en cours avec pour principaux objectifs :
- « de caractériser la variabilité spatio-temporelle de l'albédo des prairies en France, pour différentes modalités de gestion des prairies et situations pédo-climatiques ;
- d’identifier et quantifier des leviers d'augmentation de l'albédo dans un but d'atténuation du changement climatique, de la parcelle jusqu'à l'échelle des territoires ;
- de renforcer les arguments en faveur d'un élevage herbivore durable qui repose sur une utilisation optimale des prairies. »
Un premier exemple de mesures réalisées à la ferme expérimentale de Trévarez a montré que la prairie sur ce site avait un albédo d’environ 0,24. Quand cette prairie est pâturée ou fauchée, celui-ci diminue mais la prairie pâturée semble moins impactante sur l’albédo que la fauche : le pâturage diminue l’albédo de 7 % pendant 3 semaines, alors qu’une prairie fauchée va diminuer l’albédo de 14 % pendant 31 jours. Tout cela dépend également du chargement instantané en UGB par ha et par jour.
« Quand on fauche, on enlève l’herbe d’un coup, elle met plus de temps à repousser que si on la fait pâturer », explique Pierre Mischler de l’Idele.
De même une prairie dégradée, avec un sol visible, diminue l’albédo et a donc un « effet réchauffant ». Dernier enseignement : l’albédo d’une prairie reste supérieur à l’albédo d’une culture en général, que ce soit une prairie pâturée ou fauchée.
Et Pierre Mischler de conclure : « Les premières analyses montrent que la prairie a un effet refroidissant par rapport à un sol nu de référence. Les systèmes à base d’herbe ont un albédo moyen plus élevé donc pendant les périodes chaudes, l’effet refroidissant est plus important ».
Au total, 10 sites expérimentaux sont impliqués dans ce projet, ce qui va permettre d’étudier plusieurs contextes pédo-climatiques.
Trois actions sont au programme :
- analyse des déterminants climatiques et anthropiques des variations d’albédo à l’échelle parcellaire,
- cartographie de l’albédo et des pratiques de gestion des prairies par satellite,
- analyse des effets de l’albédo aux échelles exploitations et territoires, comparés aux autres piliers de l’atténuation du changement climatique : le stockage de carbone et la réduction des GES.