Les surfaces implantées en blé cet hiver en Ukraine sont attendues en baisse, permettant d’assurer l’approvisionnement intérieur sur la campagne 2023/24 mais ne fournissant que quelques excédents pour l’export. La baisse de leurs marges pousse les agriculteurs ukrainiens à s’orienter vers les cultures les plus rentables, notamment le tournesol et le soja.
Le cabinet UkrAgroConsult explique que la hausse des prix du blé sur le marché ukrainien est arrivée trop tard pour encourager les agriculteurs à en semer. (©Pixabay)
Le rôle de l’Ukraine sur le marché export du blé devrait être réduit sur la campagne de commercialisation 2023/24. C’est ce qu’explique le cabinet UkrAgroConsult, qui a publié le 13 janvier ses prévisions pour la collecte et les expéditions à venir de grandes cultures ukrainiennes.
L’analyste Maryna Marynych détaille : « la hausse des prix intérieurs du blé est arrivée trop tard pour encourager les agriculteurs des régions de l'ouest et du centre à étendre les superficies consacrées au blé et ainsi compenser les baisses dans d'autres régions productrices ».
Les surfaces implantées en blé cet hiver devraient permettre de répondre à la demande intérieure voire de « produire des excédents pour l’exportation ». Quant à production de blé de printemps, jamais très importante en Ukraine, elle « dépendra de la demande à l’export et de la poursuite du fonctionnement du corridor » sécurisé mis en place en août 2022 pour exporter les produits agricoles ukrainiens.
D’après le Conseil international des céréales, l’Ukraine a produit 21,5 Mt de blé pour la campagne de commercialisation 2022/23 et devrait en exporter 13 Mt, contre 27,9 Mt produits et 18,1 Mt exportés en moyenne ces cinq dernières campagnes.
Production et exportations ukrainiennes de blé. (©Conseil international des céréales)
UkrAgroConsult souligne aussi que les surfaces semées en orge d’hiver ont diminué de 35 % mais que l’orge de printemps reste attractive « grâce à ses faibles coûts de production et à un retour sur investissement rapide ».
Mais les ventes d’orges ukrainiennes risquent de ne pas être aisées en 2023/24, explique Maryna Marynych : ces dernières campagnes, l’Ukraine a concentré ses exports sur la Chine, difficilement accessible par bateaux Panamax depuis le début de la guerre. Le pays devra donc reconquérir d’autres marchés qu’elle avait laissés à la Russie, par exemple l’Arabie saoudite.
Le cabinet prévoit une baisse de la superficie implantée en maïs pour la récolte 2023. « Le bas niveau des prix intérieurs a déjà poussé les agriculteurs à laisser une partie du maïs dans les champs pour l'hivernage. Cela signifie que les zones ne seront pas correctement préparées pour les semis de printemps, note-t-il.
L’ampleur de cette baisse des surfaces en maïs dépendra des prix intérieurs dans les deux à trois mois qui viennent, « les intentions de semis des agriculteurs dépendant uniquement de la rentabilité de la culture ». La forte demande européenne et les itinéraires d’exports alternatifs pourraient pousser les prix à la hausse, mais une année 2023 moins sèche et plus productive en Europe qu’en 2022 serait au contraire baissière.
« Pour obtenir des marges élevées en 2023, l’espoir des agriculteurs repose surtout sur la hausse des surfaces oléagineuses », commente UkrAgroConsult, qui évalue cette hausse à 5 %, et l’augmentation de la récolte à 11 %.
Parmi les cultures les plus rentables, la graine de tournesol. Les surfaces implantées en Ukraine dépassent 6,5 Mha depuis 2018 et seraient en hausse depuis 2022, « stimulées par le fonctionnement continu des usines de trituration dans les régions du centre et du sud grâce au renouvellement des exportations permis par le corridor sécurisé », explique Svitlana Kupreeva, spécialiste du marché des oléagineux.
En soja, les régions de l’Ouest sont les principales zones productrices et transformatrices et sont situées loin des affrontements entre forces russes et ukrainiennes. UkrAgroConsult annonce que les agriculteurs de cette région « ont augmenté de 10 % les surfaces consacrées au soja, et cette tendance se poursuit en 2023 », soutenue par la forte demande européenne en graines, huile et tourteau de soja.
La superficie de colza d’hiver pour la récolte 2023 est en revanche annoncée en baisse de 29 % sur an. « Les agriculteurs ont semé environ 1 Mha, ce qui n'est pas une baisse critique pour l'Ukraine », commente le cabinet d’analyse.
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