Arnaud Sénéchal est installé depuis bientôt trois ans en Ille-et-Vilaine. Avec son père, il élève des vaches laitières dans un système mixte maïs-herbe avec un objectif de maximiser le pâturage. Ensemble, ils ont passé le troupeau Holstein au croisement 3 voies et tentent de grouper les vêlages à l'automne.
Après plusieurs agrandissements et échanges avec des voisins, Arnaud et Philippe Sénéchal ont pu concrétiser leur projet de maximisation du pâturage. Sur cet élevage d'Ille-et-Vilaine, situé à proximité de Fougères, toutes les catégories d'animaux pâturent.
Arnaud a rejoint son père en 2020 sur la structure. À deux, ils gèrent 95 laitières, les élèves et quelques bœufs sur 92 ha de SAU dont 84 accessibles. La surface accessible importante leur permet de travailler simplement. « Le travail du quotidien est facilitée : on n'a pas de route à faire, pas de bétaillère à emmener, peu de carburant à utiliser... », apprécient-ils.
Les vaches disposent de 80 places de logettes et 30 en aire paillée. (©Terre-net Média)
Les prairies des laitières sont divisées en une trentaine de paddocks d'1 à 1,5 ha d'une journée. La plus loin est à 1 km de la salle de traite, les éleveurs ont aménagé des chemins d'accès. Les vaches disposent de 30 à 35 ares/vache permettant aux éleveurs de fermer les silos en pleine période de pousse de l'herbe. Les génisses et les bœufs pâturent également dès la première année, sur des paddocks de 3 jours.
Les éleveurs ont découpé 30 paddocks d'1 ha pour les vaches. Ils sont distribués par un chemin empierré le long duquel les éleveurs ont réimplanté arbres et haies. (©Terre-net Média)
Des parcelles de luzerne et ray-grass hybride/trèfle violet sont également dédiées à la fauche. Arnaud et Philippe essaient de réaliser des fauches précoces pour obtenir un ensilage riche en MAT et ainsi diminuer le recours aux correcteurs azotés l'hiver. La production tourne à 7 500 l/vache et pour cela, elles consomment 700 kg de concentrés/VL/an.
Les éleveurs ne produisant pas de céréales, ils achètent la paille pour les élèves. Mais depuis 4 ans, ils utilisent leur tailles de haies pour mettre sous les litières de tous les UGB hors VL. Les animaux restent alors 4 mois sur les plaquettes, avant d'être paillés, ce qui assure une économie de paille non négligeable. (©Terre-net Média)
Les deux associés ont décidé de déléguer une partie de leur travail. « Le matériel et les travaux des champs sont délégués à une Cuma avec chauffeur, ce qui nous permet d'optimiser les coûts de mécanisation et de se dégager du temps », explique Arnaud. Jeune papa, il s'organise pour être présent : « Je trais le matin [salle de traite 2x6 postes, NDLR], de bonne heure pour être rentré à 8h et m'occuper de mon fils. Mon père distribue la ration ou gère les paddocks durant la saison de pâturage. Le soir on échange : mon père trait et je fais le reste. »
Pour l'instant, père et fils n'ont pas de réel roulement le week-end, ils travaillent ensemble pour aller plus vite et chacun prend du temps quand il en a besoin. Ils parviennent à partir deux semaines en congés chaque année.
Mais d'ici 5 ou 6 ans, Arnaud devra faire face au départ en retraite de son père. « Je vais devoir retrouver un associé, ou peut-être que mon épouse me rejoindra sur la ferme », il ne sait pas encore. Autre réflexion : le passage en bio, « le système s'y prête, on n'aurait pas grand chose à changer, alors on y regarde ».
Depuis quelques temps, les éleveurs tentent de grouper les vêlages d'août à février ; l'objectif étant qu'ils se terminent fin décembre pour tout concentrer sur 4 mois seulement. « Cela nous permet de maintenir une bonne production l'hiver et de suivre les chaleurs en bâtiment, explique Arnaud. Quand elles sont en pâture, elles sont pleines et ont moins d'exigences. L'objectif est d'être à 20 litres en pâturage intégral. Puis on les tarie en juillet-août quand l'herbe diminue. »
Les génisses vêlent en moyenne à 28 mois. Elles sont inséminées en sexé, comme les meilleurs vaches. « Quand on a assez de femelles [28 % de taux de renouvellement, NDLR], on passe aux IA viande (Blanc Bleu, Limousin, Inra 95) et quelques croisés normands. » Les éleveurs gardent une quinzaine de croisés pour élever des bœufs. Les génisses de renouvellement sont en nurserie collective et les veaux qui seront venus à 15 jours sont élevés sous vaches nourrices.
Les veaux vendus à 15 jours sont élevés sous des nourrices, des vaches que les éleveurs écartent à cause de leurs cellules. (©Terre-net Média)
Il y a 4 ans, père et fils ont décidé de croiser leur troupeau historiquement composé de Prim'holstein pur. Ils sont partis en croisement trois voies. « L'objectif est d'avoir des animaux plus robustes, qui vieillissent bien. On espère gagner en taux, avoir des pattes plus solides et gagner en fertilité. » Pour cela, ils ont choisi la Rouge Scandinave (pour sa rusticité) et la Normande (pour son gabarit, sa production laitière et ses taux).
Partis en croisement 3 voies Holstein x Rouge scandinave x Normande, les éleveurs en sont à la deuxième génération. (©Terre-net Média)