Malgré une année 2022 marquée par une conjoncture particulièrement difficile, les chambres d’agriculture continuent leur travail pour proposer des « solutions pragmatiques, opérationnelles, fonctionnelles » aux agriculteurs confrontés aux conséquences du changement climatique, mais également dans le cadre de l’accélération nécessaire du renouvellement des générations, a expliqué leur président Sébastien Windsor le 11 janvier.
Sébastien Windsor, président des Chambres d'agriculture, a présenté le 11 janvier ses vœux à la presse. (©Terre-net Média)
Le bilan de l’année 2022 des chambres d’agriculture, qui ont adressé le 11 janvier leurs vœux à la presse puis aux institutionnels, est logiquement marqué par la conjoncture particulière liée aux conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix et disponibilités, ainsi qu’à la sécheresse exceptionnelle de l’été. Or, le phénomène climatique de 2022 « serait proche des moyennes que l’on connaitrait en 2050 », indique Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture, pour qui il apparait indispensable d’accompagner ces changements.
Face au changement climatique, les chambres entendent donc mettre en place « des solutions pragmatiques, opérationnelles, fonctionnelles pour les agriculteurs », explique leur président. 1 800 diagnostics carbone ont été réalisés chez les agriculteurs, et les chambres travaillent à faire l’intermédiation entre des entreprises en demande d’atténuation de leur bilan carbone, et les agriculteurs qui peuvent fournir des crédits carbone. L’organisation prépare également un plan d’accompagnement des agriculteurs passant par la sensibilisation des agriculteurs et la formation de 300 conseillers terrain.
En 2022, les chambres ont également accompagné 12 500 agriculteurs dans la transition et la moitié des conversions en agriculture biologique. 300 conseillers ont également été formés au conseil stratégique phytosanitaire, pour répondre à l’obligation, depuis 2022, de réaliser deux conseils stratégiques phytosanitaires en cinq ans, par un organisme indépendant. Une obligation sur laquelle « l’Etat n’a pas assez communiqué », déplore Sébastien Windsor, « on ne pourra pas réaliser l’ensemble de ces conseils stratégiques, tous organismes confondus, dans le temps imparti, on a pris trop de retard dans la communication », estime-t-il.
« Aujourd’hui, 50 % des exploitations sont gérées par des agriculteurs de plus de 55 ans, et 25 % des agris ont plus de 60 ans », rappelle Sébastien Windsor. Face au défi du renouvellement des générations, « on n’a jamais connu un tel besoin d’accompagnement et de renouvellement », commente-t-il. Accueillir tous les profils ayant envie de s’installer dans l’agriculture devient un enjeu majeur, et la diversité de ces profils (reconversions professionnelles, hétérogénéité des niveaux de formation et de connaissance de l’agriculture…) « modifie le travail des chambres », indique-t-il.
Alors qu’aujourd’hui, la majorité des projets d’installation nécessitent des investissements à plusieurs centaines de milliers d’euros, « on aura de plus en plus besoin d’accompagner l’agriculteur dans la réflexion autour de son système d’exploitation » face à la nécessité de la transition, et de « former des conseillers en ce sens », ajoute le président des chambres d’agriculture. Un travail qui doit s’accompagner d’un niveau d’exigence important que n’auront pas toutes les structures accompagnant les porteurs de projets, estime Sébastien Windsor, demandant pour cette raison un renforcement du rôle et de la mission de service public des chambres d’agriculture en matière d’installation.
Les Chambres d'agriculture veulent accompagner tous les porteurs de projet.??En tant qu'établissement public, nous avons une mission de les accompagner en les faisant acquérir les compétences qu'ils n'ont pas, notamment par les formations, références et accompagnement technique.
— Chambres d'agriculture France (@ChambagriFrance) January 11, 2023Dans le cadre de l’élaboration du pacte d’orientation et d’avenir pour l’agriculture, les chambres d’agriculture vont piloter les concertations régionales. Une mission qui satisfait l’organisation, puisque « trouver les solutions qui marchent passe par aller chercher toutes les petites initiatives sur le terrain et les faire remonter », explique Sébastien Windsor, pour qui la concertation régionale va permettre de « sortir du débat philosophique et aboutir sur des solutions simples, pragmatiques, faciles à mettre en œuvre et déjà testées sur terrain ».
La concertation nationale, pilotée par le ministère de l’agriculture, doit débuter le 20 janvier, et sera suivie par les concertations régionales à partir de février. Les chambres souhaitent l’organisation de ces dernières sur le format des Commissions Régionales de l’Économie Agricole et du Monde Rural (Coreamr), avant une déclinaison en ateliers thématiques. L’objectif des chambres d’agriculture étant de réunir « une dizaine de propositions, issues d’expérimentations, sur chacun des thèmes, et de faire les remontées avant la fin des concertations nationales, soit vers le 15 mai », explique Sébastien Windsor. Et pour mener à bien tous ces chantiers de fonds, le président des chambres d’agriculture espère « un peu de répit sur les crises climatiques en 2023 »…
PACTE et loi d'orientation agricole : Installation-transmission, changement climatique et transitions, formation Meilleure façon de chercher des solutions : initiatives sur le territoires et les faire remonter notamment via les concertations régionales animées par les #ChambAgri
— Chambres d'agriculture France (@ChambagriFrance) January 11, 2023