Après une année 2022 riche en évènements significatifs pour l’agriculture, l’actualité et les sujets de mobilisation ne s’arrêtent pas début 2023 pour la FNSEA. Gestion des risques, énergie, retraites, accès à l’eau, mais également contribution au pacte d’orientation et d’avenir agricole sont ainsi au programme du syndicat, dont le congrès en mars sera également l’occasion d’élire un nouveau ou nouvelle président(e).
Jérôme Despey et Christiane Lambert ont présenté le 11 janvier les sujets sur lesquels la FNSEA sera mobilisée en 2023. (©FNSEA)
Redevenue prioritaire après la crise Covid, les restrictions puis la guerre en Ukraine, l’agriculture reste cependant soumise à de nombreux défis : changement climatique, flambée des prix de l’énergie, accès à l’eau, retraites, revenu des agriculteurs, renouvellement des générations, a listé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, à l’occasion des vœux du syndicat le 11 janvier.
[#VŒUX A LA PRESSE] Le cap de la Souveraineté Alimentaire, appelé de nos vœux, est désormais une priorité ministérielle. Aujourd’hui, avec la crise de l’#énergie, l’#agriculture est appelée à participer à la reconquête de notre Souveraineté Énergétique via les énergies vertes. pic.twitter.com/0ra2HaARyX
— La FNSEA (@FNSEA) January 11, 2023Dans un contexte d’inflation et de flambée des coûts de production, l’une des priorités s’avère la répercussion des hausses au sein de la filière alimentaire. À ce titre, si les lois Egalim 1 et 2 ont permis des avancées, l’arrêt de la déflation, voire un meilleur revenu dans certains secteurs agricoles, cela reste insuffisant. D’autant plus que les distributeurs remettent en cause plusieurs mesures de la loi, comme le seuil de revente à perte (SRP) à 10 % ou l’encadrement des promotions. « Nous souhaitons d’autres dispositifs, notamment l’impossibilité pour les distributeurs de contourner la loi en établissant des plateformes de négociation à l’étranger, ou la possibilité de trouver une solution quand il n’y a pas d’accord entre un industriel et le distributeur », explique Christiane Lambert, qui attend de la proposition de loi du député Frédéric Descrozaille la consolidation des dispositifs des lois Egalim.
Alors que la sécheresse et les canicules ont marqué l’été 2022, et que les températures actuellement trop douces pour la saison menacent aujourd’hui l’arboriculture et la viticulture, la réforme de la gestion des risques, entrée en vigueur au 1er janvier, est accueillie avec satisfaction par la FNSEA. Le syndicat a milité pour rendre le système plus accessible, à travers une franchise à 20 % et un taux de subvention à 70 %. « Aujourd’hui, on est à 30 % d’assurés, l’objectif est de 60 % en 2030 », rappelle Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat. Ce dernier regrette cependant que le travail ne soit pas tout à fait fini, puisque le pool de réassurance n’est pas encore mis en place, tout comme le guichet unique. Enfin, un travail reste à mener, à l’échelle européenne, sur la moyenne olympique.
En parallèle, la sécurisation de la production agricole passe aussi, pour la FNSEA, par l’amélioration de l’accès à l’eau, que le Varenne devait également garantir, « avec la promesse de pouvoir faciliter la réalisation des retenues hivernales dans de nombreux bassins de production où toute la concertation a eu lieu », rappelle Jérôme Despey, qui dénonce les destructions de ces retenues dans un certain nombre de départements, comme en Vendée, ou à Sainte-Soline. « C’est un enjeu de mobilisation pour 2023 : nous n’accepterons pas de destructions de retenues hivernales constituées par les agriculteurs tant notre pays est à la traine sur le stockage de l’eau par rapport à l’Italie ou à l’Espagne, qui sont à 20 % de retenues, et nous à moins de 10 % », martèle le secrétaire général de la FNSEA, qui dénonce en creux les actions de la Confédération paysanne mobilisée contre les « bassines ». Le cabinet du ministère de l'agriculture a néanmoins réaffirmé à la FNSEA que les conclusions du Varenne restent valables, affirme Christiane Lambert.
Enfin, le pacte d’orientation et d’avenir, promis par Emmanuel Macron et porté par le ministère de l’agriculture, constituera l’un des plus importants chantiers de l’année pour le syndicat qui y voit « l’avenir de l’agriculture pour les 10-20 prochaines années », explique Christiane Lambert. Face au défi générationnel qui s’annonce, la FNSEA veut « ouvrir les portes et fenêtres à tous dès lors que les projets sont construits et raisonnés », avec une ouverture aux différents profils, explique la présidente de la FNSEA. Christiane Lambert liste de nombreux freins : foncier, financement, portage provisoire, mais aussi poids de l’astreinte dans certains secteurs, notamment l’élevage. Ces différents sujets seront portés dans le prochain rapport d’orientation du syndicat, qui sera présenté au congrès fin mars, à Angers.
Un congrès qui sera également le dernier de Christiane Lambert en tant que présidente, puisque l’éleveuse ne briguera pas de troisième mandat. « J’ai enterré deux de mes prédécesseurs, cela m’a marqué, j’ai eu une opération à cœur ouvert en 2010, je n’ai pas envie de forcer trop sur la machine, mais côté boulot je ne sais pas faire à 70 % », explique-t-elle, décrivant un poste « très prenant, mobilisateur, et à fort stress », où « il faut travailler beaucoup et ne pas décevoir ». « J’ai fait deux mandats à fond et j’ai adoré ce que j’ai fait. Il y a une vie après la FNSEA et je veux une vie après la FNSEA », ajoute-t-elle. Christiane Lambert gardera la main sur quelques dossiers et reste présidente du Copa, à la tête duquel elle a été réélue en septembre.