Douceur et pluie ont favorisé la pousse de l’herbe depuis l’automne et en ce début d’hiver. Comment valoriser au mieux cette ressource ? L’Idele revient sur l’intérêt du pâturage hivernal et sur les points de vigilance à avoir en tête.
Les températures basses peuvent limiter la production d'herbe, mais en cas d'hiver doux comme cette année, l'herbe continue à pousser. (©Adobe Stock)
L’automne 2022 a été doux et plutôt pluvieux, favorisant une bonne reprise de la pousse de l’herbe dans de nombreuses régions. Ce début d’hiver présente également une douceur hors-norme.
C’est dans ce contexte que l’Institut de l’élevage rappelle l’intérêt de valoriser l’herbe d’hiver. Elle présente d’abord une valeur alimentaire non négligeable, de 0,8 à 0,9 UF par kg de matière sèche lorsque son accumulation en sortie d’automne n’est pas trop importante (7 à 8 cm maximum).
Cette pratique du pâturage hivernal permet d’améliorer l’autonomie fourragère de l’exploitation, en réduisant les besoins en fourrage stockés, et son autonomie protéique en limitant les apports de concentrés.
« C'est aussi l'occasion d'achever le nettoyage des repousses d'automne afin de préparer la nouvelle saison d'herbe et de valoriser des cultures dérobées ou couverts végétaux », poursuit l’Idele. « Même ras, le pâturage hivernal ne pénalise pas la productivité de la prairie sur l’année suivante ».
Si les températures basses peuvent limiter la production, en cas d’hiver doux, la croissance de l’herbe, bien que ralentie, peut persister à hauteur de 0 à 15 kg MS/ha/jour. L’Idele prend pour exemple un système avec 60 ares/bovin : « avec une croissance de 10 kg MS/ha/jour, l’offre en herbe peut représenter 5-6 kg MS/bovin/jour ». A noter aussi que certaines espèces sont plus adaptées au froid comme la fétuque des prés, le RGH…
Mais le pâturage hivernal est à conditionner à une bonne portance des sols met en garde l’Idele pour éviter le piétinement et le matraquage du couvert : « De nombreux travaux ont montré que sur prairie permanente et en terrain portant, la dégradation n’est préjudiciable qu’au-delà d’un chargement de 400 à 500 UGB jours par hectare ».
Si les conditions météo deviennent difficiles, il est conseillé d’adapter le temps de présence pour limiter le piétinement et de diminuer le chargement en regroupant plusieurs paddocks en visant une valeur de 1 UGB/ha et enfin, il faut savoir arrêter le pâturage hivernal si un épisode pluvieux conséquent intervient.
En ce qui concerne les résultats zootechniques, des essais réalisés dans trois fermes expérimentales de l’ouest (La Blanche Maison (50), Trévarez (29) et Thorigné d'Anjou (49)) lors de l’hiver 2021-2022 ont montré les effets positifs d’une telle pratique sur la croissance des génisses laitières et des bovins viande. Les animaux ont présenté de bonnes croissances, conformes aux objectifs, sans ou avec peu d'apports de fourrages et de concentrés complémentaires au champ.
Pour des animaux à faible objectif de croissance, comme les bœufs en dernier hiver ou des vaches taries, le pâturage hivernal peut assurer une large couverture des besoins. Il est tout de même recommandé d’apporter un fourrage sec en situation humide ou froide.