En ce début d’année, la Confédération paysanne rappelle ses sujets d’action prioritaires : gestion de l’eau, lutte contre les « méga-bassines » et le photovoltaïque au sol, et salon à la ferme. Le syndicat s’investit également dans l’élaboration de la future loi d’orientation agricole, en dépit d’un certain scepticisme concernant la portée réelle de ce texte en faveur de l’installation des agriculteurs.
Vœux de la Confédération paysanne le 4 janvier. En partant de la droite, Véronique Marchesseau, Nicolas Girod, et Denis Perreau. (©Confédération Paysanne)
L’année 2023 marquera, pour la Confédération paysanne, la continuité de la lutte contre les méga-bassines, a expliqué Nicolas Girod, porte-parole du syndicat, le 4 janvier. Le sujet de la gestion de l’eau, dans un contexte de dérèglement climatique qui s’accélère, reste cher à la Conf’ qui entend bien se mobiliser et rassembler de plus en plus autour de leur vision du partage et de préservation de la ressource, alors que deux procès se tiennent le 5 et le 6 janvier suite aux actions menées en 2021 contre les retenues d’eau.
La troisième édition du Salon à la ferme, que le syndicat organise juste avant le Salon de l’agriculture, du 16 au 26 février, portera d’ailleurs sur la thématique de l’eau et de l’agriculture paysanne, « avec une volonté de mettre en avant les points positifs d’une agriculture paysanne qui cherche à préserver, protéger et partager la ressource en eau pour les différents usages », indique Nicolas Girod.
Parmi les autres sujets clés de la rentrée figurent également les discussions autour de la loi d’orientation agricole, destinée à favoriser l’installation. « On a une ambition forte en matière d’installation, puisque l’on revendique un million de paysans, donc on ne pouvait que se réjouir d’une telle loi d’orientation », explique Véronique Marchesseau, secrétaire générale de la Confédération paysanne. Cependant, « on a été refroidis par le début du processus », ajoute-t-elle, déplorant le manque d’ambition en matière d’orientation et « un accompagnement des tendances qui aujourd’hui entraînent la diminution du nombre d’agriculteurs ».
Elle note également qu'il sera inefficace de « s’attaquer à l’installation via une seule politique dédiée sans toucher aux autres politiques qui ont un impact sur l’installation – politiques foncières, commerciales, énergétiques etc.- qui vont dans le sens de la concentration des moyens de production et donc à l’encontre de l’installation agricole. Une seule politique ne pourra pas contrecarrer les autres politiques qui vont en sens inverse », explique-t-elle. Le syndicat va néanmoins s’investir dans la suite des réunions thématiques, notamment pour faire valoir la pluralité des parcours et des acteurs.
Pour s'attaquer au sujet du renouvellement des générations et développer une politique de l'installation, il est impossible de ne pas revoir les politiques foncières, d'accès équitable aux ressources naturelles, de fiscalité agricole, d'investissement... pic.twitter.com/H2u9En0IkW
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) January 4, 2023La secrétaire générale déplore également une nouvelle Pac « insuffisante pour assurer une transition agroécologique, et qui ne répond pas non plus aux enjeux de revenus ». La Conf’, qui s’est battue pour une meilleure utilisation des outils redistributifs, s’inquiète par exemple de décisions récentes comme la mise en place de seuils nouveaux, excluant de la Pac certains éleveurs de ruminants sur des surfaces pastorales en montagne.
Le syndicat salue en revanche « quelques victoires à la marge », comme le paiement forfaitaire jeunes agriculteurs, l’aide couplée au maraîchage en dépit de ses limites, et le paiement différencié en faveur de l’agriculture biologique dans le cadre de l’éco-régime.
Quant à la réforme de l’assurance récolte qui entre elle aussi en vigueur en ce début d’année, « on prend acte toujours avec les mêmes réserves », indique Denis Perreau, secrétaire national du syndicat. « L’assurance ne peut marcher que pour un sinistre conjoncturel ou isolé, or dans des circonstances comme la sécheresse générale de cette année, les assurances telles que conçues rencontrent très vite leurs limites », explique-t-il. Le système n’est d’ailleurs pas aussi universel qu’il prétend l’être, poursuit-il, puisque certains secteurs comme les plantes à parfum, le maraîchage diversifié, ou l’héliciculture en sont exclus. Par ailleurs, côté élevage, l’indice de la pousse de l’herbe inquiète.
Enfin, l’encadrement du photovoltaïque au sol fait également partie des points d’attention soulevés par le syndicat. La loi sur l’accélération des énergies renouvelables, actuellement en discussion au Parlement, ne satisfait pas la Confédération paysanne « même si on reconnait une volonté d’encadrement des centrales de première génération », explique Nicolas Girod. Le porte-parole de la Conf’ dénonce notamment, en marge du projet de loi, la parution d’un décret le 29 décembre concernant les ouvrages photovoltaïques au sol, qui pourront s’installer sans déclaration préalable jusqu’à 1 mégawatt/heure, quand ce seuil était auparavant de 250 kilowatts/heure, des installations qui peuvent notamment s’installer sur les sols agricoles, déplore Nicolas Girod.
??Les député·es manquent l'occasion de mettre un terme à la jungle de l' #agrivoltaïsme et du #photovoltaïque au sol. @AssembleeNat ??La rédaction de la @ConfPaysanne qui demandait l'interdiction des panneaux photovoltaïques sur les terres agricoles ?? ? https://t.co/lAVD606FIM pic.twitter.com/zSDdnmrlof
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) December 15, 2022Parallèlement à ces combats syndicaux, la Confédération paysanne renouvellera également ses représentants, notamment le porte-parole national, à l’occasion de son congrès qui se tiendra les 25, 26 et 27 avril 2023.