Production réduite dans l’UE, importance de la durabilité, prix du lait plus élevé que ces dernières années, production et consommation mondiales tirées à la hausse par les pays en développement, demande en produits laitiers européens de qualité : retrouvez les prévisions de la Commission européenne pour les marchés laitiers d’ici à 2032.
Entre 2022 et 2032, le nombre de vaches laitières en UE-27 devrait baisser de 10 % (©Pixabay)
La Commission européenne livre, dans ses perspectives agricoles 2022-2032, ses prévisions pour le marché du lait et des produits laitiers pour les dix ans à venir. Pour cela, elle rappelle d’abord les transformations qui ont marqué le secteur ces dix dernières années au sein de l’UE : forte intensification et spécialisation, qui ont mené à une hausse de 20 % de la productivité moyenne des vaches laitières.
Elles se sont accompagnées d’un agrandissement des exploitations (58 vaches par ferme en 2020, contre 38 en 2010) et d’une baisse du cheptel laitier, d’une dépendance accrue envers les aliments achetés, d’une baisse de la demande en main-d’œuvre, de conditions de production plus contrôlées (robots de traite, alimentation automatisée…).
La durabilité, le bien-être animal, la santé et les préoccupations liées à la qualité ont dicté les choix des consommateurs ces dernières années, conduisant à l’essor de systèmes de production alternatifs. Et « ces facteurs de durabilité devraient continuer de façonner la production laitière de l’UE dans les dix prochaines années », avec une hausse des systèmes bio ou sans OGM, souligne le rapport de la Commission.
Il prévoit une baisse de 10 % du cheptel laitier entre 2022 et 2032, notamment dans les systèmes intensifs, surtout « en raison des préoccupations environnementales ». La prise en compte croissante du bien-être animal « pourrait déboucher sur de meilleurs soins aux animaux, et contribuer à la hausse de la productivité ». Celle-ci atteindrait 0,9 %, deux fois moins qu’entre 2012 et 2022.
Taux de croissance de la production laitière, de la productivité et du cheptel laitier de l'UE (©Commission européenne)
Mais la hausse des rendements ne compensera surement pas la réduction du cheptel, si bien que « la production laitière totale de l’UE pourrait diminuer de 0,2 % par an d’ici à 2032 ». Le repli devrait être plus important pour les pays les plus développés de l’Union.
La majeure partie de cette production devrait être transformée en fromage et poudre de lactosérum. La consommation communautaire est attendue en hausse pour le fromage, les nouveaux produits laitiers frais et le lactosérum utilisé dans l’alimentation, tandis qu’elle pourrait rester stable pour le beurre et la poudre grasse.
450 €/1000 l pour le prix moyen d'ici à 2032
Quid des prix ? Selon la Commission, le marché va établir un nouvel équilibre de prix des produits laitiers vers 2025, et ils augmenteront à nouveau par la suite au sein de l’UE. En tête, les prix du fromage et de la poudre de lactosérum (respectivement + 0,7 % et + 2,4 % par an par rapport aux prix hauts de 2020-2022).
« Cela permettrait au prix du lait cru de trouver un nouvel équilibre, entre records actuels et moyenne des années précédentes », à 450 €/1 000 l en moyenne d’ici à 2032 », et de « couvrir la hausse des coûts tout en créant de la valeur ajoutée grâce à des produits différenciés ».
Evolution du prix du lait cru de l'UE et de l'équivalent-lait mondial, en €/100 kg (©Commission européenne)
Comme sur la décennie 2012-2022, la production laitière mondiale devrait croître chaque année d’environ 2 % par an d’ici à 2032. La baisse de la production européenne sera compensée par le développement de la production des pays asiatiques et africains, grâce à « la hausse de leurs cheptel et l’amélioration de la productivité » pour accroître leur autosuffisance.
L’Afrique devrait consommer neuf fois plus de produits laitiers que sur la décennie qui s’achève, en lien avec « la hausse de sa population et de ses revenus » ; une hausse importante de la consommation (+ 35 %) est aussi attendue en Asie, hors Japon et Chine.
Côté échanges, l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande resteront les plus gros exportateurs (24 % de parts de marché chacune) et les USA renforceront leur troisième position grâce à une hausse de production laitière d’ici à 2032. Les pays importateurs de produits laitiers le resteront, mais un peu moins qu’avant grâce à la hausse de leur production intérieure. Cette baisse mondiale des importations s’annonce surtout prégnante pour les poudres (2,3 points pour la poudre maigre et - 2,1 pour la poudre grasse).
Les exportations mondiales de fromage, de lactosérum et de beurre pourraient en revanche augmenter. La Commission souligne enfin que la hausse des revenus à moyen terme et la prise de conscience mondiale sur les enjeux de durabilité, de santé et de qualité nutritionnelle devraient « stimuler la demande de produits laitiers de haute qualité » européens.