Pour limiter leur dépendance au tourteau de soja, les associés du Gaec de Tournans ont fait le choix de réduire la part de maïs ensilage plante entière dans la ration des vaches laitières. Pour y parvenir, ils ont opté pour la luzerne et des méteils.
Les achats extérieurs d’aliments pour les vaches laitières sont passés de 592 tonnes en 2015 à 272 tonnes en 2020. Les postes de charges d’engrais et de produits phytosanitaires ont baissé de plus de 50 %. (©Pixabay)
À l'occasion du dernier webinaire Cap protéines lait, Marie-Christine Pioche, conseillère à la chambre d'agriculture de Haute-Saône, présentait la stratégie du Gaec de Tournans : la recherche de la performance agro-environnementale. Pourtant, « la structure part avec des handicaps importants : troupeau de 300 vaches laitières pour lequel le pâturage n’est pas envisageable, exploitation avec plusieurs sites d’élevage distants, ce qui amène des contraintes quant à l’organisation de l’alimentation. » Mais avec un objectif en tête d'améliorer leur niveau d'autonomie protéique, les éleveurs ont su faire évoluer leur système fourrager.
Ration des vaches laitièresAvant changement (2015)Après (2020)6 kg MS ensilage maïs plante entière
5,5 kg MS ensilage prairie temporaire et luzerne
427 g de concentré par litre de lait
15 ha de PT multi espèces, 20 ha luzerne et 6 ha de ray-grass et trèfle en dérobée
39 % cultures de vente dans la SAU
6 kg MS ensilage maïs épi
10,7 kg MS ensilage luzerne et méteil
180 g de concentré par litre de lait
106 ha de PT et luzerne, et 88 ha de méteil en dérobée
22 % cultures de vente dans la SAU
Les surfaces en luzerne et en méteils ensilés ont pris plus de place dans l'assolement à la faveur du développement du semis direct sous couvert permanent.
« Nous aurions dû prendre cette orientation plus tôt, témoigne Laurent Isabey du Gaec. Notre nutritionniste nous conseillait de garder une base de maïs ensilage pour ne pas trop dégrader le niveau des PDIE. Mais nous avons fait le choix d’arrêter d’en distribuer car il n’était pas suffisamment concentré au niveau énergétique. Nous sommes passés en ensilage d’épis de maïs. »
La luzerne est semée en association avec du colza (1 kg de colza pour 25 kg de luzerne/ha). Le Gaec moissonne environ trois hectares pour produire ses semences. La première année, une coupe de luzerne est récoltée après la moisson du colza. Puis elle est maintenue pendant trois ans. Le rendement moyen est de 10 t MS/ha, en 4 coupes. La deuxième coupe est généralement récoltée en foin, les trois autres en ensilage en mélange avec des prairies temporaires ou en enrubannage. Ce fourrage présente un niveau de MAT de 17 %.
Les exploitants implantent aussi autour du 15 septembre des mélanges céréales protéagineux de type : avoine (30 kg/ha), trèfle (10 kg/ha), pois fourrager (40 kg/ha), vesce (25 kg/ha). Les semences sont produites sur l’exploitation. Pour la récolte, ils visent une somme de température de 850 à 900 °C. Le tonnage récolté après un jour de ressuyage est en moyenne de 6 t MS/ha en ensilage. Un conservateur est ajouté systématiquement à la constitution du silo.
La conseillère commente : « Avec un quart des récoltes de fourrages réalisées dès le mois de mai et 75 ha de luzerne dans l’assolement, les éleveurs sont plus sereins quant à l’impact de la sécheresse estivale sur les cultures fourragères. »
Résultats économiques de l'exploitation :
Coût de production du lait493 €/1000 lPrix de revient du lait345 €/1000 lMarge brute atelier lait1 877 €/vacheCharges opérationnelles/produit29 %EBE/produit brut30 %Produit/UMO exploitant224 901 €