Président de l’association France Agrivoltaïsme, qui regroupe des acteurs du monde agricole, du monde de l’énergie et du monde des technologies, Antoine Nogier défend une vision de l’agrivoltaïsme au service de l’agriculture. Alors que le projet de loi relatif à l’accélération des énergies renouvelables est en cours de discussion au Parlement, il rappelle que l’agrivoltaïsme n’a de sens que si son impact est positif pour la production agricole, ce qui doit être garanti par la loi.
Antoine Nogier, président de France Agrivoltaïsme. (©Terre-net Média)
Créée il y a 18 mois, l’association France Agrivoltaïsme vise à promouvoir l’agrivoltaïsme en tant que filière, en proposant également « des règles pour l’encadrer et faire en sorte qu’elle se développe harmonieusement et durablement », explique Antoine Nogier, son président, rencontré le 21 décembre. « Notre objectif, c’est un développement rapide, organisé, pérenne, durable, acceptable de l’agrivoltaïsme comme une solution et un outil agricole avant tout », insiste-t-il.
Pour France Agrivoltaïsme, cet outil doit en effet être au service de l’agriculture, apportant différents bénéfices : « la protection, apportée par les panneaux, protections qui permettent d’améliorer le bien-être animal, de protéger les cultures des méfaits du climat, des canicules, de trop fortes chaleurs, et permettent de préserver de l’eau », explique Antoine Nogier, qui précise en revanche « qu’a priori, le soleil est le même pour les panneaux et pour l’agriculture et donc ces deux activités sont potentiellement concurrentes, mais il est possible de les rendre synergétiques ».
Ces deux activités sont potentiellement concurrentes
« Si on met des panneaux bêtement au-dessus des cultures, on va sans doute les rendre concurrentes, les panneaux vont prendre le soleil des plantes et donc les plantes vont faire moins de photosynthèse, mais si on le fait astucieusement, comme l’agroforesterie le fait, on peut arriver à créer une synergie, une sorte de symbiose entre les deux systèmes et faire en sorte que l’agrivoltaïsme puisse améliorer l’agriculture qui est dessous, que ce soit une agriculture de culture ou que ça soit de l’élevage », ajoute-t-il.
Retrouvez ci-dessous l'interview vidéo d'Antoine Nogier, président de France Agrivoltaïsme :
Et la loi doit garantir la mise en place de ces projets vertueux. « Il est évident que si on propose à un agriculteur de raser sa culture et de la remplacer par des panneaux moyennant un loyer très attractif je comprends que des agriculteurs disent oui », explique Antoine Nogier.
L’intérêt général suppose que l’on préserve absolument nos terres nourricières
Pour lui, la question relève de l’intérêt général, et « l’intérêt général suppose que l’on préserve absolument nos terres nourricières et notre production, notre autonomie alimentaire, et notre souveraineté alimentaire, tout en développant également des solutions de transition énergétique ». « Ce sont les textes qui vont permettre d’autoriser les projets qui ont du sens et de l’impact agricole, et décourager ou interdire des projets qui n’iront pas dans ce sens de la souveraineté alimentaire », insiste-t-il.
Alors que Jeunes agriculteurs s’est mobilisé, lors de la semaine du foncier agricole, contre les dérives possibles de l’agrivoltaïsme, Antoine Nogier comprend les réticences. « En réalité, j’analyse la posture de Jeunes agriculteurs comme un signal d’alarme qui est tiré en disant qu’il faut que l’agrivoltaïsme ait un impact agricole, serve l’agriculture, et là-dessus on est complètement d’accord », précise-t-il.
« Si l’agrivoltaïsme ne sert pas l’agriculture, et finalement diminue la production agricole, on aura tout faux », poursuit-il, espérant pouvoir par la suite, une fois la loi votée en ce sens, compter sur le soutien de JA. »
Ce n’est pas une nuisance qu’il faudrait minimiser, c’est une véritablement une chance
« Ce qui est important, c’est que dès lors qu’on considère qu’il existe des systèmes qui peuvent améliorer l’agriculture, lui donner des services, l’agrivoltaïsme peut être une chance pour l’agriculture, ce n’est pas un moindre mal, ce n’est pas une nuisance qu’il faudrait minimiser, c’est une véritablement une chance pour faire des systèmes agricoles résilients. Si on peut arriver à produire plus, de meilleure qualité, de façon plus régulière, en étant moins sensibles aux aléas climatiques, vous imaginez tout ce que ça peut représenter y compris pour l’installation de jeunes, pour rendre ce métier plus attractif, parce que plus résilient, parce que protégé finalement des méfaits du climat », conclut-il.