Dans un rapport d’étude commandé par le gouvernement, l’Office français de la biodiversité (OFB) étudie l’efficacité du référentiel HVE, pointant des exigences environnementales limitées et une grande diversité de performances environnementales selon les filières et les exploitations certifiées.

C'est en grandes cultures que les changements induits par la certification environnementale sont les plus importants.C'est en grandes cultures que les changements induits par la certification environnementale sont les plus importants. (©Terre-net Média)

L’OFB a rendu récemment son évaluation des performances environnementales de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), basée sur le référentiel de 2016, et destinée à objectiver la contribution de la certification environnementale à la transition agroécologique. Combinant analyse documentaire et études de cas sur le terrain, le rapport observe des exigences environnementales limitées et une grande diversité de performances environnementales selon les filières et les exploitations certifiées.

Néanmoins, le spectre des filières concernées par la dynamique de certification s’élargit depuis 2017/2018, quand la viticulture représentait auparavant la quasi-totalité des exploitations certifiées chaque année. L’arboriculture et les grandes cultures progressent depuis 2018, le maraîchage depuis 2019, et les exploitations de polyculture-élevage, même si les filières d’élevage restent pour le moment à l’écart de la démarche. Les disparités peuvent également être fortes au niveau territorial.

L’une des principales critiques de l’étude concerne la cohérence de la logique d’action, au regard des objectifs de la certification, eux-mêmes très divers : valorisation et reconnaissance environnementales, fédérer les démarches existantes, entraîner les exploitations dans une démarche de transition agroécologique… Cette logique d’action repose sur des principes et des résultats attendus « peu explicités »

Une efficacité environnementale plus marquée en grandes cultures

Les performances environnementales sont-elles significativement meilleures pour les exploitations engagées dans la démarche ? Pour la plupart des Otex analysées (viticulture, arboriculture, polyculture élevage), « la différence de performances environnementales avec les pratiques moyennes garantie par les critères de certification est très faible », estime les auteurs. Néanmoins, pour la filière grandes cultures, « les critères de certification garantissent une certaine différence de performance environnementale par rapport aux pratiques moyennes, a minima sur la stratégie phytosanitaire », indique la synthèse du rapport.

Pour la plupart des filières, les auteurs regrettent cependant que les modalités de calcul des indicateurs ne garantissent ni la mise en œuvre de pratiques favorables pour les quatre indicateurs de la voie A ni l’engagement des exploitations « dans une démarche écologique ambitieuse ».

Quel rôle de la certification dans les changements de pratiques ?

Les résultats de l’enquête montrent que les trois-quarts des agriculteurs engagés auraient effectué ces changements indépendamment de la certification HVE, leur démarche visant surtout à faire reconnaître des changements de pratiques déjà effectués. Certaines filières, notamment les grandes cultures avec légumes industriels, doivent cependant engager des changements significatifs pour accéder à la certification (diversification des assolements, introduction de surfaces non traitées…).

Pour satisfaire à l’indicateur qui demande le plus de changements, celui de la stratégie phytosanitaire, les évolutions consistent principalement à optimiser le raisonnement des doses, ou à développer des méthodes alternatives mais « sans aller jusqu’à une reconfiguration des systèmes », indique le rapport, qui juge globalement limitée l’amélioration des performances environnementales.

À noter que l’engagement dans la certification ne garantit pas non plus une démarche d’amélioration continue de la part des exploitants. « Ceux qui s’engagent dans HVE principalement pour valoriser une démarche environnementale vont avoir tendance à rechercher une démarche de progrès continue – mais ce n’est pas forcément un effet propre de la certification car cela résulte le plus souvent d’un engagement personnel antérieur. Ceux qui sont plus contraints à s’engager pour des raisons d’accès au marché ne seront pas forcément dans une optique d’amélioration continue, d’autant plus qu’elle ne sera pas valorisée par le marché », souligne le rapport.

Recommandations

Suite à ces constatations, l’étude formule plusieurs recommandations en fonction de deux scénarios : certifier les exploitations dont la performance environnementale est légèrement supérieure à la moyenne, ou certifier les exploitations dont la performance environnementale est élevée.

Pour clarifier la logique d’action du dispositif HVE, les auteurs proposent par exemple de positionner la HVE en situation intermédiaire entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique, ou de trouver une appellation plus cohérente (dans le scénario 1), ou encore de reconnaître l’excellence en matière de transition agroécologique et de clarifier le positionnement de la HVE par rapport à l’agriculture biologique (scénario 2).

Ils proposent également des évolutions du cahier des charges pour une meilleure adaptation à l’élevage, ou en rajoutant des items sur la vie des sols, la séquestration du carbone, etc. et de relever le niveau d’exigence global des indicateurs existants. Dans le cas du scénario 1, les auteurs préconisent de limiter les obligations de moyens, et de les supprimer dans le scénario 2.

Parmi les autres recommandations figurent également la nécessité d’actualiser régulièrement les niveaux de pratiques de référence et l’intégrer dans le fonctionnement même du dispositif, de renforcer les contrôles par les organismes certificateurs en certification collective, et de renforcer les moyens d’accompagnement à la certification.