« Comme il existe un optimum de pH dans les sols, il existe un optimum de potentiel d'oxydo-réduction (ou redox) qui est aux alentours de 400 mV », note Timac Agro France. Pour accompagner les agriculteurs sur le sujet, l'entreprise basée à Saint-Malo (Ille-et-Villaine) a dévoilé sa gamme d'amendements Energeo, qui permet de « réguler les deux paramètres clés de la fertilité des sols : le pH et le potentiel redox des sols ».

LaboratoirePour Timac Agro, « l'enjeu de demain est de gérer les fertilités physiques, biologiques, chimiques et électriques des sols ». (©Emmanuel Pain)

« La feuille d'une plante agit comme un panneau solaire et importe via la plante dans le sol ce qu'on appelle l'énergie de vie, la fertilité électrique. Cette énergie est stockée par le sol qui l'utilise, en fonction de ses besoins, comme une batterie et un onduleur, en stockant, libérant et régulant le flux d'électrons ». 

Mis en évidence dans les années 50, « le potentiel d'oxydo-réduction (ou rédox) traduit cette fertilité électrique », rappelle Sylvain Pluchon, directeur R&D nutrition végétale de Timac Agro lors d'un point presse. Pour l'entreprise bretonne, c'est la « quatrième dimension de la fertilité des sols ».

« Trouver l'équilibre optimum »

« Si ce facteur est fondamental en agronomie, le réguler en parallèle de la bonne gestion du pH est un changement de paradigme fort. L'enjeu est de trouver l'équilibre optimum : un pH neutre proche de 7 et un niveau de redox proche de 400 mV ». « En régulant le potentiel rédox, le carbone fixé par la photosynthèse se concentre ainsi sur la croissance de la plante et non à la régulation de son sol. Un mauvais rédox peut aussi être source de développement de pathogènes et de certaines champignons... », précise l'expert.

Afin de rendre compte de la situation des sols français, les chercheurs de Timac Agro ont entamé la production de la première cartographie pH/redox. Elle s'appuie aujourd'hui sur plus de 600 sols mesurés et a permis de dresser ces premiers constats : « la tendance générale est vers des sols moyennement à fortement oxydés, et toutes les régions sont concernées. Enfin les sols oxydés peuvent être acides (pH bas) ou alcalins (pH hauts) ». Cette cartographie a également permis de mettre en place une grille d'évaluation du risque de fluctuation du redox sur un sol. 

Cartographie du potentiel d'oxydo-réduction des sols françaisCartographie du potentiel d'oxydo-réduction des sols français. (©Timac Agro France) 

+ 30 % de valorisation supplémentaire de l'azote, + 33 % d'activité microbienne...

Pour accompagner les agriculteurs face à ces constats, les équipes de recherche Timac Agro se sont « inspirées de la nature » pour mettre au point la gamme Energeo. Cette dernière s'appuie sur la technologie ARM ("active redox multisites"), qui est « capable de s'ajuster en fonction de la typologie des différents sols, réduits ou oxydés ». Grâce à cette technologie, « Energeo tamponne et régule le potentiel rédox, stabilisant les réactions oxydo-réductrices, favorables à l'activité du sol et à la croissance optimale des plantes », précise l'entreprise. La gamme se décline aujourd'hui sous deux versions : 

  • « Energeo C1, associé à l'amendement marin Calcimer. Il est dédié aux sols acides, afin d'optimiser simultanément le couple pH/rédox ».  
  • « Energeo MS1, associé à un engrais sulfo-magnésien. Cette formule est adaptée aux sols alcalins, corrigeant le potentiel rédox et nourrissant les cultures en soufre ». 

Ces amendements se présentent sous la forme de mini-granulés (1,2/1,5 mm de diamètre) afin de « faciliter l'épandage au sol et d'accélérer leur action sur le potentiel redox ». « À base de produits naturels, ils sont autorisés en agriculture biologique. » D'après les premiers essais réalisés, la firme met en avant « une croissance foliaire du blé au stade végétatif multipliée par 2, + 33 % d'activité microbienne, + 30 % de valorisation supplémentaire de l'azote, - 15 % de développement de champignons type Fusarium et - 13 % d'émissions de protoxyde d'azote (GES) » avec les produits Energeo. 

« On est au début de l'histoire, observe Sylvain Pluchon. Il reste encore des recherches à mener sur le sujet et cela va demander surtout des efforts de pédagogie. Il est difficile de mesurer le potentiel rédox directement au champ. » Toutefois, les équipes ont toutefois pu établir, à partir des données collectées lors de la cartographie, des liens de causes à effet parmi les paramètres d'analyses de sol : « on a identifié 7 indicateurs potentiels, dont le taux de MO, et on se donne encore une année de tests au champ pour les vérifier », précise le directeur de recherche. À suivre donc.