En réduisant de moitié la quantité d’ensilage de maïs dans la ration des vaches laitières européennes, on peut économiser l’intégralité du tourteau de soja utilisé par cet élevage.

Soja importéLa réduction du maïs fourrage dans la ration est compensée par l'utilisation de prairies riches en légumineuses ainsi que par la culture de légumineuses graines. (©Pixabay)

« Le taux de dépendance actuel de l’Union pour son approvisionnement en tourteaux et protéagineux est de 70 % dont 63 % concernant le seul soja ; le taux de dépendance au soja importé étant de 93 % », explique l'Institut de l'élevage au sein de l'étude L’élevage peut-il se passer du soja importé ?

Cette dépendance résulte de choix stratégiques effectués dans les années 60, offrant aux Etats-Unis la place libre à la production de protéagineux, en échange de la protection des productions céréalières européennes. Cependant, si jusqu’à la fin des années 90 le soja importé provenait en grande majorité des plaines du Midwest, la donne a changé avec la mise sur le marché du soja OGM en 1995. La culture s’est alors développée en Amérique du Sud, via le combo monoculture, variété OGM et glyphosate, qui fait aujourd’hui débat.

En volume, les herbivores sont les plus gros consommateurs de tourteaux. Ils utilisent 41 % des tourteaux destinés à l’alimentation animale, et 31 % du soja utilisé à cet effet. Parmi les herbivores, les vaches laitières sont de grandes consommatrices, étant donné que les performances laitières nécessitent des rations à forte concentration en énergie et en azote, et que cette production a beaucoup misé sur les systèmes maïs ensilage.

Réduire de moitié la part de maïs dans la ration

La vache laitière moyenne au sein de l’UE à 25 consomme environ 2 t MS  de maïs par an (soit l’équivalent de 17 ares). Dans ce contexte, l'Institut de l'élevage a estimé que réduire de 30 % la part de maïs ensilage dans la ration des vaches laitières, permettrait de faire évoluer le taux de dépendance en protéagineux et tourteaux pour l’ensemble des filières d’élevage à 60 % (contre 70 % actuellement). Le maïs est alors remplacé par du fourrage issu de prairies riches en légumineuses, et céréales. Réduire de moitié le recours au maïs ensilage ferait chuter le taux de dépendance à 54 %.

A l’échelle du troupeau laitier, le résultat apparaît encore plus encourageant. « En réduisant de moitié la quantité d’ensilage de maïs dans la ration des vaches laitières européennes, on peut économiser l’intégralité du tourteau de soja utilisé par cet élevage et le rendre globalement autonome par rapport au soja importé », 8,3 millions de tonnes de soja seraient ainsi économisées. Diminuer de 30 % le recours au maïs ensilage dans la ration des vaches laitières permettrait d’économiser à l’échelle européenne l’équivalent de 5 millions de tonnes de tourteau de soja.

Plus de surface en Europe...

Un hectare de maïs ensilage n’équivaut cependant pas totalement à un hectare de prairie riche en légumineuses. Si à l’échelle européenne, le rendement moyen en ensilage de maïs est de 12 t MS, les prairies permettent généralement des récoltes annuelles avoisinant les 8 t MS. Ainsi pour proposer une ration équivalente, 1 ha de maïs en moins doit être compensé par 1,5 ha de prairie, et 0,8 ha de céréales. « Cette réduction du maïs ensilage de 50 % sur le troupeau laitier européen se traduit par une augmentation de 11 % des surfaces consacrées au troupeau laitier, céréales incluses ».

...mais moins à l'échelle mondiale

Cependant, en incluant les surfaces mobilisées pour la production de soja à l’équation, on se rend compte que le système maïs est plus consommateur de surface que le système herbager (même si cette surface est exploitée à l’autre bout du monde…). La ration composée à 50 % de maïs ensilage dont les MAT se compose exclusivement de soja demande 124 ares par vache en incluant la surface nécessaire à la production de soja, là où la ration moyenne des vaches laitières demande 146 ares, dont 50 ares destinés à la production de soja. La question de l'autonomie protéique repose donc sur une délicate question d'affectation des surfaces agricoles à grande échelle...