À l’occasion de la remise du grand prix de l’Afja, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a répondu aux questions des journalistes sur les sujets qui préoccupent actuellement le monde agricole, rappelant ses positions sur le renouvellement des générations, la perte de compétitivité de l’agriculture française ou encore la nécessité d’avancer sur l’irrigation.
Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau a remis le grand prix de l'Afja aux lauréats le 16 novembre, au ministère de l'agriculture. (©Terre-net Média)
Comme chaque année, c’est le ministre de l’agriculture a remis les prix de l’Afja ( Association française des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation). Un évènement qui lui donne l’occasion d’échanger avec les journalistes sur l’actualité agricole. Alors que la réflexion s’organise autour du futur pacte d’orientation et d’avenir, Marc Fesneau notamment rappelé les leviers d’action pour améliorer le taux de renouvellement des générations en agriculture, qui se situe aujourd’hui autour de 65 %.
Remise des Grands #Prix AFJA du #journalisme #Agricole et #Agroalimentaire par @MFesneau @Agri_GouvGrand Prix, presse écrite : @paulinemoullot @libeGrand Prix, audiovisuelle : @alicefrsd @franceinterPrix Graine d’innovation : @jcDetaille @agrapresse@ACahuzac #PatriceMoyon pic.twitter.com/mwtYHhGZit
— AFJA (@afja1) November 16, 2022Il s’agit, premièrement, de la rémunération : « il y a des filières où l’on renouvelle plus que d’autres », explique le ministre. Il y a également un problème d’adéquation entre les systèmes sur lesquels les jeunes souhaitent s’installer, et les fermes qui sont à reprendre. Il faut donc, pour le ministre, ne pas se contenter de « transmission-reprise », et miser sur des « transmissions-transitions ». « L’essentiel du vivier de ceux qui peuvent s’installer n’est plus dans le milieu agricole. Il faut réfléchir aux attentes particulières de ce public-là, en matière de temps de travail, de vie sociale, notamment de la frange 35-45 ans », souligne Marc Fesneau.
Interrogé sur la perte de compétitivité de l’agriculture française, en lien avec le rapport de trois sénateurs, le ministre s’est également opposé à l’idée que les contraintes environnementales seraient à l’origine d’une perte de vitesse de l’agriculture, arguant que c’est essentiellement la concurrence intra-européenne qui fait perdre à la France des parts de marché. S’il y a une harmonisation à faire, c’est donc plutôt au niveau des 27, explique-t-il. En parallèle, le sujet des clauses miroirs reste, vis-à-vis des pays tiers, un élément pour éviter les distorsions de concurrence, ajoute-t-il.
En revanche, « je ne suis pas d’accord avec l’idée que l’on abaisserait la souveraineté alimentaire parce qu’on porterait des exigences plus hautes en matière environnementale », insiste Marc Fesneau. « Ce qu’on a mis dans la Pac, la nécessité d’avoir une couverture plus régulière des sols, on peut le lire comme une contrainte environnementale, mais la question de réintroduire de la matière organique, de fixer l’azote, ça a un intérêt pour l’agriculture, pour la productivité, pour le stockage de l’eau… », ajoute-t-il, avant de rappeler qu’ « à facteurs égaux dans le dérèglement climatique que l’on vit, ce qu’on voit de l’érosion des sols en particulier, on produira de moins en moins, c’est structurel. Ce qui a permis de tenir, c’est la recherche variétale ».
Questions-réponses avec @MFesneau @Agri_Gouv et les #journalistes de @afja1 animées par @ACahuzac On y développe les sujets : #PAC #inflation #énergie #EmploiAgricole #foncier #installation #NegociationsCommerciales #Egalim2 #pesticides pic.twitter.com/TGAQKwjZnF
— AFJA (@afja1) November 16, 2022Et si la recherche variétale fait partie des solutions pour s’adapter au changement climatique, la question de l’irrigation sera également centrale, malgré les débats sociétaux. Alors qu’à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le projet contesté vise à réduire les volumes prélevés, prendre de l’eau l’hiver et moins en été, « si ça ce n’est pas un projet vertueux, c’est qu’on ne peut plus prendre de l’eau pour l’agriculture », commente le ministre, qui relève les contradictions des demandes sociétales. « On veut sortir du maïs et en parallèle, on veut l’autonomie de l’exploitation pour ne pas importer du soja du Brésil », explique-t-il, mais une année comme là, les prairies ne permettent pas, dans certaines zones, de nourrir les animaux, « donc il faut bien cultiver des plantes capables de le faire », ajoute-t-il.
Une des solutions pourrait être de construire, là où c’est possible, des ouvrages multi-usages qui serviraient à l’irrigation, à la lutte contre les inondations, à la défense contre les incendies, à l’alimentation… Pour le ministre, il s’agit bien d’une question de souveraineté.