Après le camp d'été de l'Aterfixe, destiné à faciliter la reprise des fermes laitières du bocage ornais, en faisant vivre, réfléchir et travailler ensemble cédants et porteurs de projets agricoles, place maintenant au bilan de cette initiative et à la phase 2 : la création de collectifs de repreneurs et leur accompagnement pour concrétiser et pérenniser leur installation.
Le camp d'été de l'Alterfixe a été riches en échanges entre porteurs de projets et futurs cédants. (©Alterfixe)
Il y a quelques mois, nous vous présentions le camp d'été de l'Alterfixe, organisé en août dans l'Orne par la Coop des territoires et les Civam normands (avec le soutien financier durant deux ans de la Région Normandie et des fonds européens Feader). Le but de cette opération : faire se rencontrer cédants et repreneurs d'exploitations agricoles, de façon différente par rapport à ce qui se pratique habituellement. Pendant une à trois semaines en effet, une quarantaine de candidats à l'installation en élevage laitier bio ont vécu, réfléchi et travaillé ensemble au Gaec du Mont Hardy à Saint-Hilaire-de-Briouze, bientôt à reprendre, avec une vingtaine d'éleveurs du bocage ornais.
Là où a germé en 2021 cette expérimentation citoyenne initiée par plusieurs habitants (dont des agriculteurs et acteurs locaux) pour faciliter l'installation en milieu rural, dans différents secteurs parmi lesquels l'agriculture, et lever notamment l'une des principales difficultés : trouver des repreneurs pour les fermes laitières et éviter qu'elles ne disparaissent ou partent à l'agrandissement.
Ainsi, le camp d'été visait à faciliter les échanges et « tisser des liens entre des exploitants proches de la retraite, ou en recherche d'associé(s), des porteurs de projets, de plus en plus non issus du monde agricole, et le territoire dans lequel ils arrivent, pour initier de nouvelles formes d’installation, souvent collectives, ces nouveaux publics préférant ne pas être seuls sur l'exploitation », espéraient les organisateurs. Au programme : des visites et chantiers participatifs dans les élevages laitiers partenaires, ainsi que des interventions et groupes de travail associant les structures d’accompagnement et autres organisations locales (Safer, banques, etc.).
Alors que sa phase 2 vient d'être lancée pour « accompagner la structuration de collectifs agricoles et, par là même, l'installation de porteurs de projets », la première étape de l'Alterfixe a-t-elle atteint ses objectifs ? 45 prétendants au métier d'éleveur laitier ont participé (25 personnes en moyenne en permanence), autant des hommes que des femmes, la plupart en reconversion professionnelle : grâce à une trentaine de bénévoles, ils ont pu « découvrir les 17 fermes mobilisées et prendre part à une vingtaine d’ateliers ». Ils ont particulièrement apprécié les rencontres avec les cédants, ainsi que la découverte du département et de son tissu socio-économique.
Comme Loreena, 26 ans, qui y a passé une semaine avec son compagnon Vincent. Tous deux enseignants, ils souhaitent se reconvertir dans l'agriculture. « Probablement dans l'Orne, une des révélations » du couple pendant ces quelques jours « très riches » en partage entre porteurs de projets et éleveurs. « Je ne pensais pas que ce serait si intense, cela nous a beaucoup aidés », témoigne la jeune femme qui a été sollicitée, par d'autres participants, pour poursuivre ensemble la réflexion, une fois le camp terminé.
Écouter le témoignage de Loreena :
Cliquer sur le curseur pour lancer la vidéo.Par ailleurs, depuis qu'il est fini une soixantaine de contacts, visites, stages, etc. ont eu lieu. Une quinzaine de personnes se disent prêtes à s'installer dans l'Orne, voire ont commencé une formation, un stage ou du salariat agricole. Et quatre étudient déjà la création d'un collectif. Si bien que l'initiative sera reconduite l'été prochain, et pourrait essaimer ailleurs par la suite. La phase 2 de l'Alterfixe démarre en décembre et comporte cinq week-ends thématiques, jusqu'en avril 2023, dont le contenu sera adapté au fur et à mesure aux profils et besoins des personnes présentes.
Quatre experts de l’accompagnement agricole et/ou collectif animeront les séances axées autour des cinq clés de réussite d'une installation agricole à plusieurs : « le projet global, sa structuration économique et juridique, son intégration au territoire, la gouvernance du groupe, la connaissance de la ferme à reprendre ». Si ce n'est pas déjà fait, il s'agira aussi de « mettre en lien les futurs éleveurs avec des exploitations à céder ou pouvant accueillir quelqu'un », pour que le stade de la concrétisation soit franchi le plus rapidement possible (dans les 12 mois à l'idéal), et de façon pérenne.