On ne parlera pas de grand cru pour l'ensilage 2022, mais plutôt de maïs secs, pauvres en grains et avec une valeur alimentaire plutôt moyenne. De quoi craindre une baisse de production ou une augmentation du coût alimentaire...
L'été chaud et sec a fait chuter les rendements des maïs fourrage dont la qualité n'est pas non plus au rendez-vous... (©Terre-net Média)
« 2022 aura été une année difficile pour l'ensilage de maïs. Les rendement sont très hétérogènes en régions et la qualité est assez moyenne sur le papier. Le déficit hydrique s'est grandement ressenti sur la teneur en grains. » Hugues Chauveau et Michel Moquet d'Arvalis institut du végétal dressent le bilan de cette campagne maïs fourrage qui s'achève.
Le rendement moyen s'établit à 11,3 t MS/ha, au plus bas depuis 2016 (moyenne 2017-2021 : 12,5 t MS/ha). « Mais ça aurait pu être pire, affirment les experts. Heureusement que les maïs ont connu de bons débuts de cycle. »
Le maïs fourrage 2022 affiche un gros écart de rendement avec 2021. Et les disparités sont importantes en régions. (©Arvalis-Institut du végétal)
« Il y a eu beaucoup de transferts de maïs grain en fourrage, détaille Michel Moquet. On estime les surfaces transférées à 70 000 ha ; un chiffre du même ordre que l'an dernier mais dans l'autre sens (en 2021, beaucoup de transfert de fourrage vers le grain) ! »
La teneur en MAT est élevée (en lien avec les faibles rendements) : 7,7 %. Côté énergie, les maïs 2022 sont pauvres en amidon, 27,7 % de moyenne (contre 31,7 % en 2021), et riches en fibres. Mais la qualité de ces dernières ne bat pas les records : elles sont moyennement digestibles. « Avec peu d'amidon et peu de sucres solubles, cette récolte n'est pas riche en énergie (0,94 UFL de moyenne) et ça risque de se ressentir sur la production des vaches. »
Valeur alimentaire par zone géographique (données issues de plus de 11 000 analyses) :
La teneur en énergie du maïs 2022 est de 0,94 UFL, la même qu'en 2021 mais avec un profil bien différent. (©Arvalis-Institut du végétal)
Hugues Chauveau confie : « Les éleveurs qui sont déjà passés sur les nouveaux silos voient la différence. Pour les laitiers, ça a baissé en lait ! » Il attire d'ailleurs l'attention sur ce point : « Le maïs 2022 a un profil très différent de celui de 2021, il va falloir faire une bonne transition pour ne pas trop impacter le rumen ». Il recommande de la faire sur deux à trois semaines : 2/3 de maïs 2021 + 1/3 de maïs 2022, passage à 50/50, puis 1/3 de maïs 2021 + 2/3 de maïs 2022.
« L'ensilage sera moins productif que l'an dernier, il va falloir complémenter en énergie si on veut maintenir les niveaux de production ; mais la ration risque d'être plus coûteuse. Après, comme le taux d'amidon n'est pas très élevé, on peut tabler sur des céréales sans problème. »
Bon à savoir ! La plupart des ensilages ont été faits à des teneurs de matière sèche élevées (moyenne à 35 % MS avec 25 % des chantiers réalisés à plus de 38 % MS). « Il va falloir surveiller la conservation et la densité des fourrages : on risque d'être en-dessous des estimation de cubages. »