Selon l'association, l'agriculture aurait aussi ses « 7 pêchés capitaux ». Bien sûr, pas la paresse mais plutôt une certaine propension à se plaindre, ou encore à vivre en vase clos. Une façon humoristique de mettre en lumière plusieurs travers agricoles avec, derrière, des pistes pour les limiter.
Êtes-vous d'accord avec les 7 travers de l'agriculture relevés par l'association #Cofarming ? Dites-le-nous en commentaires. (©Pixabay)
Quels sont les « 7 pêchés capitaux de l'agriculture » révélés par l'association #Cofarming au Sima 2022 ? Et les remèdes envisagés ? Maniant « l'autodérision », le collectif entend ainsi « jouer son rôle d'aiguillon » pour aider le secteur à prendre conscience de ses travers et à lutter contre. Les messages, qu'il souhaite faire passer, seront relayés sur les réseaux sociaux et dans un livre blanc pour pouvoir, espère-t-il, toucher également les pouvoirs publics.
Président de chambre d'agriculture, mais aussi de la Fédé, de la coop, de... Les responsables professionnels agricoles ont souvent de nombreuses casquettes. « Dans ce domaine aussi, il faudrait davantage de biodiversité, fait remarquer Jean-Baptiste Vervy, agriculteur, co-fondateur de Papote et dirigeant de Wizifarm. Des visions plus variées ne peuvent qu'être bénéfiques à la défense du monde agricole. »
Parmi les solutions envisagées par #Cofarming : « limiter le nombre d'années de mandat, renforcer encore la formation à la prise de responsabilités pour qu'un plus grand nombre de personnes puissent s'engager, harmoniser les règles et les indemnités de remplacement. » Objectif : « mieux anticiper et préparer la passation de pouvoir ».
« Il pleut trop, ou pas assez, les cours ne sont pas bons, les rendements non plus... » : le leitmotiv de beaucoup d'exploitants, selon les membres de l'association. « Pas étonnant qu'ils n'aiment pas le mois de février, vu qu'il n'y a que 28 ou 29 jours pour râler », plaisantent-ils. Plus sérieusement, « rien de tel pour donner envie à des jeunes, et notamment ses propres enfants, de devenir agriculteurs », ironise Jean-Baptiste Vervy.
« Il faut dépasser le quotidien et ses problèmes, exhorte Gilles Cavalli d'Afrifind. Au lieu de ne défendre que les choses qui ne vont pas, les syndicats, l'ensemble des organisations professionnelles mais aussi les producteurs doivent communiquer positivement sur l'agriculture, en parlant plutôt de son avenir, des évolutions de pratiques, de ses fonctions multiples et vertueuses au-delà de la production de nourriture comme la préservation des paysages, la fourniture d'énergies renouvelables, etc. Que ce soit à destination du grand public ou lors de discussions entre amis, en famille. »
« Ils mettent des années à se concrétiser, en ayant consommé beaucoup d'argent et d'énergie », explique Jean-Baptiste Vervy. De quoi « dissuader d'innover ». Une des pistes possibles serait de « rapprocher l'agriculture de la R&D », suggère Maylis Richter de Rize. En outre, dès qu'une innovation voit le jour, il s'agirait de « réfléchir tout de suite à son industrialisation et à sa commercialisation ». Et à sa promotion, pourquoi pas à travers un concours du type « ma thèse en une minute », ajoute Gilles Cavalli qui évoque, par ailleurs, la création « d'une base de données regroupant tous les projets agricoles innovants ».
Jean-Baptiste Vervy (à gauche), Maylis Richter et Gilles Cavalli (à droite) présentent au Sima les « 7 pêchés capitaux de l'agriculture ou clés de transformation de l'organisation agricole ». (©Terre-net Média)
Ou « l'art de ne décider de rien, voire de laisser pourrir une situation, pour ne froisser personne », résume Jean-Baptiste Vervy. Là encore, la formation est mise en avant pour « aider à prendre des décisions, simplifier les procédures, apprendre à être factuel et clarifier les rôles de chacun, en particulier des présidents et des directeurs d'OPA ».
Autrement dit « bloqué dans l'administratif, les démarches, les réglementations, les normes ». « Même les labels issus de la profession sont d'une complexité !, s'exclame Gilles Cavalli. On se croirait dans Astérix, où pour avoir "le laisser-passer A38", il faut "le formulaire bleu" à réclamer "au guichet 1" alors que le demandeur en vient ! » Pour simplifier les choses, le collectif #Cofarming invite l'agriculture à s'inspirer des autres secteurs grâce aux projets de territoire entre autres.
Vouloir transmettre sa ferme à quelqu'un du milieu, privilégier dans les critères d'embauche les formations en agriculture, préciser constamment lors d'échanges entre pairs que « ses parents, grands-parents, arrière-grands-parents, arrière-arrière-grands-parents... étaient agriculteurs comme pour se justifier, prouver sa légitimité » : autant de comportements que l'on observe régulièrement dans le secteur agricole, pointent les trois intervenants. Le risque de rester ainsi en vase clos : se priver « de profils intéressants et de regards différents » qui pourraient apporter du sang neuf et des idées nouvelles.
Pour faciliter les passerelles avec d'autres domaines d'activité, « des stages agricoles pourraient être proposés dans les écoles de commerce ou d'ingénieurs industriels, selon Jean-Baptiste, Gilles et Maylis. De même que des journées citoyennes dans des exploitations agricoles. Des rencontres entre élus de chambres d'agriculture, de commerce et d'industrie, des métiers et de l'artisanat pourraient être également organisées ».
« Au lieu de collaborer entre organismes pour adapter à l'un ce qui a été développé par l'autre, en agriculture, on préfère refaire », déplore l'association #Cofarming. Résultat : des projets se mettent en place plus lentement, avortent, des doublons se créent, avec des secondes versions moins performantes, des start-up disparaissent... Une perte de temps, d'argent et d'énergie ici aussi. « Il faut que les OPA s'appuient davantage sur ces jeunes pousses : des interactions saines, gagnants-gagnants, entre elles comme entre le secteur public et privé, où les missions de chacun sont clairement définies, doivent être encouragées. »