En vue de la loi d’orientation et d’avenir, au sujet de laquelle les discussions de préparation vont commencer la semaine prochaine, la FNSEA a organisé le 3 novembre un « grand Rendez-vous de l’emploi ». Face au défi démographique qui s’annonce, l’objectif est identifier les leviers d’attractivité des métiers de l’agriculture : innovations pédagogiques, viabilité économique des exploitations, anticipation de la transmission…

Marianne Dutoit, Christiane Lambert et Jérôme Volle au Grand RDV de l'emploi, le 3 novembre 2022 à Paris.Marianne Dutoit, Christiane Lambert et Jérôme Volle au Grand RDV de l'emploi, le 3 novembre 2022 à Paris. (©Terre-net Média)

Le succès de l’enseignement agricole, riche de ses spécificités, ne se dément pas, avec 156 000 élèves, 57 000 apprentis et 16 000 étudiants à la rentrée 2022, soit 20 000 jeunes supplémentaires par rapport à la rentrée précédente. Malheureusement, « la société continue à voir dans les filières agricoles un choix par défaut », regrette Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « Le secteur agricole reste soumis à de lourdes controverses au sein de l’opinion, qui rendent difficilement visibles voire abîment les apports de notre métier à la société et aux grands enjeux de notre temps », ajoute-t-elle.

Or, le renouvellement des générations en agriculture devra être à la hauteur du défi démographique qui s’annonce dans les prochaines années, puisque la moitié des agriculteurs sera en âge de partir à la retraite dans les 10 ans. Afin d’identifier les différents leviers pouvant renforcer l’attractivité des métiers de l’agriculture, la FNSEA a organisé le 3 novembre un « grand rendez-vous de l’emploi » autour de l’innovation : innovations pédagogiques, innovations sociales et territoriales, innovations techniques, mais aussi installation et transmission.

Informer les jeunes

Si, comme le rappelle Marianne Dutoit, présidente de la commission enseignement et formation du syndicat, la profession travaille « au quotidien pour moderniser les diplômes de l’enseignement agricole », en cohérence avec l’évolution permanente du métier, il est également nécessaire de créer des passerelles avec l’éducation nationale, pour que les jeunes aient connaissance de l’existence de ces métiers.

La FNSEA avait d’ailleurs fait de la promotion de l’agriculture et de l’alimentation à l’école une de ses propositions prioritaires dans le cadre de l’élection présidentielle, dans la lignée du travail déjà réalisé depuis de nombreuses années, notamment avec Fermes ouvertes, ou avec l’association de parents d’élèves de l'enseignement libre, Apel, ou encore avec l’Onisep, une collaboration qui a abouti à la publication d’un guide sur les métiers de l’agriculture. Un travail d’information et de pédagogie très important, car « sans une orientation choisie, il n’y aura pas de jeunes pour se diriger vers nos métiers », insiste Marianne Dutoit.

Attractivité du salariat

Et ces métiers passent également par le salariat agricole, or le secteur peine également à recruter. « On a besoin de beaucoup de salariés, de personnes de l’extérieur pour amener un courant de pensée différent, renouveler les entreprises », explique Jérôme Volle, président de la commission emploi de la FNSEA.

Certaines filières ont également besoin de travailleurs étrangers, précise-t-il, jugeant positive l’annonce des ministres Gérard Darmanin et Olivier Dussopt qui proposent, dans la loi "immigration"», de créer un titre de séjour "métiers en tensions". « Nous avons des difficultés à recruter localement, car le taux de chômage est bas dans le milieu rural », notamment en ce qui concerne les saisonniers, explique Jérôme Volle.

Pour  attirer les salariés permanents, la profession agricole entend surtout mettre en avant ces métiers de sens, en décloisonnant davantage : aujourd’hui, les jeunes qui s’installent sont souvent passés par le salariat. Enfin, ces initiatives sont complémentaires d’un travail sur la transmission. « À nous de convaincre ceux qui partent que leur outil de travail sera peut-être un peu différent, mais qu’au moins il aura un avenir », souligne ainsi Jérôme Volle.